Yves Lavoinne, président du pôle universitaire européen de Strasbourg, revient sur les douze années d'activité de la structure.

Yves Lavoinne, président du pôle universitaire européen de Strasbourg, revient sur les douze années d'activité de la structure.

Le Pôle Européen Universitaire de Strasbourg est le premier à avoir vu le jour en 1991. Quelles ont été les difficultés de mise en œuvre ?

Les trois universités qui composent le pôle s'étaient créées environ vingt ans plus tôt. Il s'agissait de prendre l'habitude de travailler ensemble. Or, jusqu'à la fin des années 80, les relations entre les trois établissements étaient plutôt ténues. Une "culture d'entreprise" s'était développée dans chacun qui n'était pas forcément la même que celle du voisin…

Au moment du lancement des pôles, le ministère avait souhaité la mise en place de conseils scientifiques internationaux de sites. Chez nous, ce conseil s'est réuni pendant trois ans. Ce fut un échec car il n'y avait pas de politique scientifique commune à Strasbourg. En y réfléchissant, je suis frappé par le temps de maturation nécessaire. C'est seulement maintenant que nous arrivons à instaurer un conseil scientifique international de site.

En fait, il nous a fallu apprendre à travailler ensemble et découvrir que nos partenaires n'étaient pas aussi différents que nous l'imaginions. Les années 90 ont d'ailleurs marqué l'amorce de l'inter-universitaire. Certaines opérations n'avaient pas beaucoup de sens sur une seule université. C'est ce qui s'est passé par exemple avec la carte Culture. Le projet était initialement porté par l'université Marc-Bloch. Mais elle ne pouvait l'assumer seule. Dans le cadre du pôle, elle a permis de satisfaire non seulement les étudiants mais aussi les acteurs culturels de la région.

L'inter-universitaire est d'ailleurs très présent dans le contrat de plan 2000-2006. L'essentiel des projet est transversal, qu'il s'agisse du jardin des Sciences ou de l'aménagement des campus.


Peut-on parler d'une identité propre au pôle de Strasbourg?

La première singularité, c'est que le pôle de Strasbourg ne s'est pas construit avec une dimension de coopération scientifique mais plutôt autour d'action pour améliorer la vie étudiante.

La deuxième initiative assez propre à Strasbourg, c'est le rôle du pôle en matière d'aménagement et d'entretien des campus.

Il faut également signaler le Collège doctoral européen. Nous l'avons mis en place en 1999. Il s'agissait d'augmenter le nombre d'étudiants étrangers venant faire des thèses à Strasbourg. Ils travaillent conjointement dans deux laboratoires. L'un des nôtres mais également un d'une ville européenne, hors France, bien évidemment. L'idée est de faire cohabiter ensemble des étudiants venant de pays différents, travaillant des disciplines différentes. Une résidence est en cours de construction; Au mieux, elle sera prête en 2005. A la fin de l'année universitaire 2003-2004, nous aurons accueilli près de 140 étudiants !


Le colloque des Pôles Universitaires Européens français se tiendra à Rennes en novembre, autour du thème "Pôles Universitaires et collectivités territoriales." Quelles relations entretient justement le pôle de Strasbourg avec les collectivités qui l'accompagnent?

Le Pôle, ce sont trois universités et trois collectivités locales. D'un côté, Strasbourg I, II et III, de l'autre, la région Alsace, le département du Bas-Rhin et la communauté urbaine de Strasbourg. Elles jouent bien évidemment un rôle important à nos côtés. Elles sont partenaires dans l'élaboration de nos projets.

La présence de collectivités a permis une prise de conscience à plusieurs niveaux. Elle a montré que, au sein de la ville, les établissements existaient. A Strasbourg, un habitant sur dix est étudiant ! Cela a eu des traductions concrètes dans la politique de la ville. Par exemple, le tramway dessert le campus de l'Esplanade ce qui n'était pas prévu initialement. L'université est désormais intégrée dans la vie de la cité.

Il ne faut pas oublier non plus que les établissements constituent des employeurs importants. Dès lors, ils deviennent de véritables acteurs économiques.

Il s'est créé une articulation forte entre les universités et le monde économique. En ce sens, la recherche, les formations initiale et continue demeurent des signes forts. Les connexions se produisent d'autant mieux que nous travaillons ensemble.


La création du pôle a-t-elle permis une meilleure visibilité du site de Strasbourg, notamment au niveau international?

J'aurais besoin d'indicateurs sérieux pour avancer une réponse à ce sujet. Nous savons que le nombre d'étudiants étrangers est en hausse. Il y avait eu une chute en 1996, due au tarissement des flux venus d'Afrique du Nord.

Depuis, la reprise s'est amorcée. Le pôle compte actuellement 20 % d'étudiants étrangers.

Mais notre rôle sur le plan international reste très modeste à l'heure actuelle.

Ce qui compte, c'est la qualité de la formation et de la recherche. Nous nous apercevons d'ailleurs que si l'on vient étudier à Strasbourg, c'est parce qu'on en a entendu parler par quelqu'un qui a expérimenté le site. Le bouche-à-oreille fonctionne et c'est un point très positif !


Quel avenir pour le Pôle Universitaire Européen de Strasbourg ?

Nous voulons accroître encore cette dimension inter-universitaire qui se développe depuis quelques années.

Nous espérons également que le Collège doctoral européen va prendre de l'ampleur notamment avec la construction de son propre bâtiment.

La consolidation de l'Observatoire Régional des Universités est également au programme. Il entreprendra des études sur les formations post bac et l'insertion professionnelle.

Un autre dossier important reste l'aménagement des campus. Nous souhaitons évaluer le coût d'entretien des voiries et des réseaux.

Je dirais aussi que l'avenir du pôle serait peut être de ne pas en avoir. Je pense à la création d'un EPCU 5Etablissement Public de Coopération Universitaire). Si un tel établissement voit le jour, le pôle n'aura plus de raison d'être. Il serait désastreux en effet d'empiler les structures. Si le pôle avait joué un bon rôle de transition, alors je considérerais que son bilan est plutôt positif.

 

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