Publié le 26 oct. 2005
"[..] seuls 30% des enfants d'ouvriers accèdent à l'enseignement supérieur, contre près de 80% pour les enfants de cadres. Et dans les classes préparatoires aux grandes écoles, les étudiants issus de milieux modestes représentent à peine 15% des effectifs. Ce sont des chiffres inquiétants" a déclaré Gilles de Robien lors d'un discours prononcé à l'occasion de la signature du "passeport Lycéen – Etudiant" à Amiens [1]
"[..] seuls 30% des enfants d'ouvriers accèdent à l'enseignement supérieur, contre près de 80% pour les enfants de cadres. Et dans les classes préparatoires aux grandes écoles, les étudiants issus de milieux modestes représentent à peine 15% des effectifs. Ce sont des chiffres inquiétants" a déclaré Gilles de Robien lors d'un discours prononcé à l'occasion de la signature du "passeport Lycéen – Etudiant" à Amiens [1]
Pour donner un souffle nouveau aux recrutements des grandes écoles, en d'autres termes à l'"égalité des chances", plusieurs modes opératoires sont déjà à l'œuvre.
Sciences Po Paris propose un concours spécifique tandis que l'ESSEC préfère organiser des modules de tutorat afin de travailler plus en amont sans modifier ses critères de sélection.
La méthode de Sciences Po Paris a longtemps fait grincer des dents, anciens et syndicats étudiants lui reprochant de brader le diplôme d'entrée.
Selon Gilles de Robien "il ne s'agit pas de faire des concessions sur l'excellence, ni des exceptions aux règles communes (ce qui est d'une certaine manière l'esprit des politiques de « quotas »), mais de porter le plus de jeunes possible au niveau de l'excellence, quitte à mettre en place pour cela des moyens particuliers ! Loin de toute « discrimination positive », il s'agit donc d'une politique d'équité, dans le respect des règles communes."
Le ministre de l'éducation goûte peu les méthodes de Richard Descoings, directeur de Sciences Po Paris, et semble préférer celles de l'ESSEC avec la formule du tutorat. Procédé qui semble faire des émules puisque l'école Polytechnique mettra ses pas dans ceux de l'ESSEC en accompagnant, dès janvier, une vingtaine d'élèves.
L'égalité des chances, cheval de bataille gouvernemental, est encore à la peine en France. Malgré les programmes ZEP qui, selon le ministre de l'éducation, "montrent clairement des signes d'essoufflement" après 25 ans d''existence.
Méthode Sciences Po ou méthode Essec?
Pour Nadia Nakhili [3], enseignant-chercheur à l'Institut de Recherche sur l'Education, "mettre en place des dispositifs de discrimination positive c'est déjà montrer qu'il y a un problème. Mais, pour moi, il serait préférable de s'attaquer aux causes de ce problème."
Les méthodes de Sciences Po Paris ou de l'ESSEC peuvent elles aider à relancer l'ascenseur social ?
" Mes recherches montrent qu'un élève, dont le père est ouvrier et qui obtient un bac S par exemple, a une certaine probabilité de demander une classe préparatoire aux grandes écoles. Cette probabilité va être plus importante s'il fréquente un lycée "favorisé", c'est-à-dire un lycée où la proportion d'élèves d'origine sociale favorisée est importante.
L'augmentation de cette probabilité peut être due à la motivation a priori de l'élève qui va, par exemple, contourner la carte scolaire pour s'inscrire dans ce type de lycée parce qu'il désire intégrer une CPGE par la suite. Mais elle peut être aussi due à la simple influence des pairs, issus de classes sociales favorisées. Tout porte à croire que le contexte dans lequel évoluent les élèves joue sur leurs aspirations.
Quoiqu'il en soit mes résultats ne permettent pas de savoir si les initiatives de Sciences Po ou de l'ESSEC ont un impact sur les choix d'orientation des élèves.".
Pour Nadia Nakhili les Conventions ZEP de Sciences Po ou les tutorats de l'ESSEC " vont peut être avoir une influence du fait de la médiatisation des écoles qui va sans doute modifier l'éventail des possibles dans l'esprit des élèves. Il serait pertinent d'évaluer l'impact réel de ces programmes, voir comment les étudiants réussissent, s'ils parviennent à se créer un réseau par exemple".
" Je reste personnellement plus attachée à la promotion de la mixité sociale à l'école ou à la défense d'une égalité des chances plus globale" précise t'elle, " les conventions ZEP me font penser à des opérations de sauvetage des meilleurs éléments. Il me semble que l'on ne s'attaque qu'aux conséquences et non aux causes. Cependant les initiatives des grandes écoles attestent d'une prise de conscience du problème et cela va sans doute nous amener à dire que cela implique une réforme plus profonde."
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[1] Discours de Gilles de Robien au Lycée Delambre à Amiens
http://www.education.gouv.fr/Actu/element.php?itemID=200510211128
Gilles de Robien parraine la signature d'une convention entre 3 établissements d'enseignement supérieur et 9 lycées de l'académie d'Amiens.
http://www.education.gouv.fr/Actu/element.php?itemID=200510201052
[2] "Grandes écoles : la démocratisation à pas comptés" – Les Echos – 25 / 10 / 2005
[3] Auteur de "Impact du contexte scolaire dans l'élaboration des choix d'études supérieurs des élèves de terminale", étude parue dans la revue Éducation & formations numéro 72 – édition octobre 2005
http://www.education.gouv.fr/stateval/revue/revue72/resuef72.htm
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