"Paris VIII c'est Vincennes" peut-on lire sur la page d'accueil du site web de l'établissement. Une histoire que l'université revendique. Car lors de sa création, Vincennes porte des projets radicalement différents : Pluridisciplinarité, pédagogie nouvelle, recherche permanente, accueil des non-bacheliers, des étrangers et des salariés. Gilles Deleuze, Michel Foucault ou Jacques Derrida viennent y dispenser leurs cours dans une ambiance bouillonnante.

"Paris VIII c'est Vincennes" peut-on lire sur la page d'accueil du site web de l'établissement. Une histoire que l'université revendique. Car lors de sa création, Vincennes porte des projets radicalement différents : Pluridisciplinarité, pédagogie nouvelle, recherche permanente, accueil des non-bacheliers, des étrangers et des salariés. Gilles Deleuze, Michel Foucault ou Jacques Derrida viennent y dispenser leurs cours dans une ambiance bouillonnante.

Près de 40 ans plus tard, les choses ont changé. Entre temps, Paris VIII a déménagé de Vincennes à St Denis, sous-préfecture de la Seine-St-Denis. Mais si l'université est passée des espaces verts à la banlieue rouge, son désir d'être un endroit différent ne l'a pas quittée.

Avec plus de 27 000 étudiants dont 30 % d'étrangers de 50 nationalités différentes, le brassage est toujours garanti, le désir d'ouverture plus que jamais vivace.

Depuis près de deux ans, Pierre Lunel assure la fonction de président de l'établissement.

Pour Act-U, il revient sur les richesses de Paris VIII mais aussi sur les projets d'une université résolument tournée sur l'extérieur.

On parle de la réactivation du pôle universitaire Nord-Nord Est francilien. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le sujet ?

L'idée d'un pôle est née en 2001 sur une initiative de Michel Pouchain (Paris XIII). Le projet a été lancé autour de Paris VIII, Paris XIII, du CNAM (Conservatoire National des Arts et Métiers), la Cité des Sciences et de l'Industrie, l'IUFM (Institut de Formation des Maîtres) de Créteil ainsi que l'ISMCM-Cesti, l'école d'ingénieurs de St Ouen. Le 10 septembre dernier, nous avons tenu une réunion au cours de laquelle il a été décidé de réactiver le processus. J'ai été désigné à la présidence du pôle pour deux ans. Et je veux vraiment m'investir dans ce projet. Loin d'être des gadgets, les pôles représentent une véritable chance.

Nous n'avons pas toujours la masse critique suffisante pour faire face à l'international. De plus, les universités parisiennes sont assez morcelées, ce qui complique encore la donne. Or entre les acteurs du pôle règne vraiment une très bonne entente.

Comment le pôle va-t-il s'organiser ?

Nous sommes décidés à mettre en place un GIP. Cela devrait prendre 6 à 8 mois. Et puis nous cherchons aussi d'autres partenaires prêts à se lancer avec nous dans l'aventure. Des contacts ont d'ailleurs été pris en ce sens. Nous aimerions par exemple travailler avec L'ACTEP (Association des Collectivités Territoriales de l'Est Parisien).

Nous avons évidemment réfléchi à de grands axes de travail autour desquels s'organiserait le pôle et qui permettrait de le singulariser. L'enseignement à distance, l'image, la santé et les relations internationales constitueront ces piliers.

Mais nous ne comptons pas nous arrêter là. Sur notre secteur, la situation du logement étudiant reste dramatique. C'est un problème auquel nous devons sérieusement nous attaquer.

Vous avez pris vos fonctions de président de Paris 8 il y a un peu moins de deux ans. L'international semble être un domaine qui vous tient à cœur. Qu'avez-vous mis en place à ce sujet ?

C'est vrai que je veux vraiment que l'université s'ouvre sur le monde. L'oxygène qui vient d'ailleurs est quelque chose d'essentiel pour la vie du lieu !

Nous avons la chance que Paris VIII jouisse, du fait, notamment, de son histoire, d'une réputation qui dépasse nos frontières. Par ce biais, nous essayons de développer les relations internationales. C'est quelque chose que nous savons faire. Paris VIII est dopée par la valise ! Nos étudiants et nos enseignants partent beaucoup. L'université compte 30 % d'étudiants étrangers, soit 10 % de plus que la moyenne nationale !

Mais cette ouverture va bien au-delà de simples "flux". Par exemple, 2005 sera l'année du Brésil en France. Nous avons déjà prévu à St Denis de travailler pour l'occasion autour du corps, en associant les UFR, mais aussi en fédérant autour de nos projets des personnes extérieures.

Nous avons aussi signé une convention avec le musée de l'Ermitage de Saint Pétersbourg. Depuis un an, nous organisons conjointement des colloques. Il est même possible que nous concevions ensemble des CD-Roms. Notamment un sur la peinture française du musée…

Autre exemple : je reviens du Chili. Eh bien, l'année prochaine, nous comptons bien monter à Paris VIII des projets autour de Pablo Neruda.

Ce goût prononcé pour l'international ne vous empêche-t-il pas de mener des projets internes à Paris VIII ?

Pas du tout ! Nous travaillons aussi sur la vie quotidienne des étudiants, du personnel. Le campus est numériquement important – 27 000 élèves- sur un espace restreint. Nous avons engagé des chantiers de construction et de remise aux normes. Deux bâtiments sont d'ores et déjà prévus. Un bâtiment pédagogique et un autre qui accueillera des étudiants étrangers et un restaurant universitaire. La construction d'une Maison de l'Étudiant est également à l'ordre du jour.

Dans le domaine de la santé, nous envisageons de faire, non pas de la médecine préventive mais de la médecine curative. C'est-à-dire que nous espérons pouvoir mettre en place des consultations sur le site universitaire même. Pour cela, nous attendons l'agrément de la DDASS.

Autre problème auquel nous devons nous atteler. Récemment a eu lieu sur Paris VIII la journée du handicap. J'ai fait un tour sur le campus en fauteuil roulant. Eh bien, nous avons de gros efforts à faire en la matière ! L'accueil des handicapés fait partie de mes priorités. Nous devons installer des élévateurs pour permettre aux étudiants concernés de se déplacer plus aisément. Alors oui, bien sûr, cela coûte cher. Mais au delà d'une question de politique pédagogique, c'est surtout une question de politique sociale.

Tous ces projets d'ailleurs coûtent de l'argent et nous savons bien que les universités ne peuvent plus se reposer exclusivement sur les ressources fournies par l'État. Nous devons avoir nos propres ressources. C'est pourquoi nous allons mettre l'accent sur la formation permanente. La création d'un SAIC (Service des Activités Industrielles et Commerciales) pour janvier 2004 est également prévue. Il intégrera la question de la taxe d'apprentissage.

Justement, Paris VIII a toujours promu la formation des adultes…

C'est une expérience considérable. Le concept est né effectivement à Vincennes. La loi sur la VAE nous offre la possibilité de l'enrichir.

Paris VIII brasse non seulement des gens d'origine différente, mais aussi d'âges différents. D'ailleurs j'aimerais beaucoup lancer une université du Troisième Age ici…

Quand on se promène dans les couloirs, on voit passer un certain nombre de jeunes filles voilées. Comment gère-t-on cette question dans votre établissement ?

Le nombre n'est pas si important que ça. Peu de jeunes filles portent véritablement le voile. Ce sont plutôt des petits fichus. Cela ne me dérange pas fondamentalement. Par contre, l'étudiante dont on ne distingue que la moitié du visage, là, cela me pose problème. C'est un signe ostentatoire que je refuse mais tout comme je refuserais de telles manifestations de la part d'étudiants catholiques, juifs ou bouddhistes. Lors des inscriptions, j'ai d'ailleurs délivré des instructions très claires : pas de voile sur les photos. C'est la loi, je l'applique.

Comme je le disais, Paris VIII compte 30 % d'étudiants étrangers dont 20 % d'origine maghrébine. Nous dialoguons beaucoup pour aller au fond des problèmes quand il y en a. Ce matin, j'ai inauguré un cycle de conférence autour de l'Islam. Eh bien je trouve que c'est une initiative digne de Paris VIII. Nous parlons du fond avec un dialogue basé sur le savoir.

La tradition de Paris VIII était aussi, à un moment de son histoire, d'accueillir des étudiants sans-papiers. Est-ce toujours le cas ?

Je me sens le cœur ouvert. Mais j'ai aussi une responsabilité pédagogique vis-à-vis de la qualité de l'enseignement dispensé ici. Nous ne pouvons plus accueillir tout le monde.

Nous avons donc mis en place une commission de dérogation. Celle-ci se compose d'enseignants, qui, en leur âme et conscience, étudient des dossiers un peu "à part", susceptibles de m'être proposés pour signature.

Cette commission se tient selon des règles très précises qui ne tolèrent aucune entorse.

Où en êtes-vous du LMD ?

Paris VIII est de la vague C, c'est-à-dire celle qui passera au LMD en 2005. Évidemment, c'est un chantier qui s'accompagne de son cortège de questions, de doutes, de peurs, comme toute idée nouvelle. Mais nous avançons bien.

Je me suis beaucoup réjoui de la réunion qui s'est tenue à Versailles avec les autres universités franciliennes. Des contacts ont été pris, des rapports sont en train de se nouer… Le LMD favorise la lisibilité de l'offre de formation mais favorise aussi l'entretien de nouveaux modes relationnels avec d'autres partenaires.

Le 14 octobre 2003 l'adhésion de Paris VIII à l'Amue votée lors de l'assemblée générale du 2 avril, a été approuvé par le Journal Officiel

(J.O n° 238 page 17515)

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