Philippe Moguérou (IREDU-CNRS) a rédigé, à l'occasion de la Journée d'étude du Réseau d'Etude sur l'Enseignement Supérieur (RESUP) une communication sur le monitorat d'initiation à l'enseignement supérieur. Celle-ci est désormais en ligne sur le site de l'IREDU.

Philippe Moguérou (IREDU-CNRS) a rédigé, à l'occasion de la Journée d'étude du Réseau d'Etude sur l'Enseignement Supérieur (RESUP) une communication sur le monitorat d'initiation à l'enseignement supérieur. Celle-ci est désormais en ligne sur le site de l'IREDU.

Qu'est ce que le monitorat?

Il s'agit d'une formation pédagogique à l'enseignement supérieur à destination des doctorants et des allocataires. Les moniteurs bénéficient donc de 10 jours de stage par an et assurent 64 heures de TD (Travaux Dirigés) ou 96 heures de TP (Travaux Pratiques) en premier cycle. Ce statut a vu le jour suite au rapport Bancel qui mettait en place les CIES (Centres d'Initiation à l'Enseignement Supérieur).

Les moniteurs sont souvent de "bons étudiants", recrutés assez jeunes, à la sortie du DEA. On a remarqué que, pour la plupart, ils sont issus de milieux assez favorisés et n'ont quasiment jamais redoublé. Ils sont un peu plus jeunes que les ATER (Attaché Temporaire d'Enseignement et de Recherche). Le monitorat leur assure un revenu supplémentaire en plus de l'allocation de recherche.

Comment avez-vous mené votre enquête?

Nous sommes partis d'un fichier du Cereq sur l'insertion des docteurs scientifiques. Nous avons réinterrogé les mêmes personnes, notamment par mail. Nous avons obtenu plus de 500 réponses.

Le monitorat propose une formation pédagogique à l'enseignement supérieur. Cette formation est-elle efficace?

Il n'existe pas vraiment d'évaluation sur ce sujet. C'est pourquoi il est difficile de répondre. Mais pour que cette formation fonctionne vraiment, il faudrait revoir certaines dispositions, notamment concernant la durée des stages. Ceux-ci devraient équivaloir à 10 jours par an minimum. Mais dans les faits, on est loin du compte. Sur trois ans, les moniteurs bénéficient de 15 à 20 jours de stage.

Autre problème, soulevé par les moniteurs eux-mêmes : dans certains CIES, la formation reste très générale et regroupe des doctorants de plusieurs disciplines. Or ceux-ci jugent les heures de formation beaucoup plus intéressantes quand les stages restent disciplinaires, les mettant face aux questions qu'ils se posent quant à l'enseignement de "leur" matière.

Peut-on considérer le monitorat comme une sorte de "vivier" dans lequel l'université puiserait pour renouveler son personnel?

Il est vrai que le statut de moniteur favorise l'insertion au sein de l'université. On constate par ailleurs que ceux-ci ont un taux de chômage plus faible que les autres. L'intégration au sein d'une UFR est importante au sens où elle permet au moniteur de se créer un réseau et de se faire connaître.

Le monitorat a fait l'objet de critiques, notamment de la part de ses bénéficiaires (voir le collectif CrItiquES, monté par des moniteurs). Quels sont les défis qu'il a à relever?

Des améliorations sont souhaitables, particulièrement en ce qui concerne l'organisation des stages. On observe une forte demande des moniteurs pour que ceux-ci aient lieu plus tôt en première année. Les stages généraux débutent en décembre. Quant aux stages disciplinaires, ils s'échelonnent entre février et juin. Cela signifie que certains moniteurs passent quasiment un an sans formation.

Il faut aussi insister, dans certains cas, sur la solitude du moniteur. Dans certaines UFR, il n'existe pas d'équipe pédagogique à proprement parler. Les contacts avec les enseignants en charge des cours magistraux sont rares ou, parfois même, n'existent pas. Les liens et les interactions ne se créent pas.

De même, la relation entre le moniteur et son tuteur n'est pas toujours satisfaisante pour le premier. Il arrive qu'elle soit parfaitement inexistante.

Quelle est l'évolution possible du statut de moniteur?

On parle de généraliser à l'ensemble des allocataires le monitorat. L'un des objectifs est d'amener plus de jeunes vers la recherche dans certaines disciplines qui peinent à séduire les étudiants. C'est notamment le cas dans le domaine scientifique.

 

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