Publié le 10 nov. 1998
Courrier de Maurice Garden (Direction de la recherche) définissant les Écoles doctorales.
Paris, le 10 novembre 1998
Nous vous avons demandé en juin dernier de nous adresser pour le 15 octobre 1998 les propositions de structuration des Écoles doctorales de votre établissement dans l'optique d'un réaménagement d'ensemble du cursus des études doctorales. Je suis conscient des difficultés que vous avez rencontrées pour formuler vos demandes, en l'absence de textes précis émanant du ministère, définissant un cadre global. Je vous ai adressé le 9 novembre une note sous mon propre timbre rappelant les grandes lignes de la politique concernant l'ensemble du cursus doctoral.
Par rapport au texte fondateur des écoles doctorales, l'arrêté du 30 mars 1992, nous désirons porter l'accent principal de la formation doctorale sur l'École doctorale, incluant les DEA, alors que dans la pratique précédente, le DEA restait l'entrée principale; alors qu'aujourd'hui les deux tiers du cursus doctoral et les deux tiers des thèses arrivant à soutenance ont été préparés dans le cadre des écoles doctorales, nous préconisons une montée en puissance, qui devrait aller progressivement jusqu'à ce que la totalité du cycle doctoral soit encadré par les écoles doctorales, les DEA isolés n'étant plus qu'une exception.
Nous souhaitons que la formulation de l'arrêté commençant par les équipes enseignantes de DEA soit renversée : la préparation de la thèse n'est pas d'abord une somme d'enseignements, mais d'abord un travail de recherche encadré par une équipe de recherche. Et il est nécessaire pour garantir la qualité des thèses que celles-ci soient préparées dans des équipes ou unités de recherche reconnues dans les contrats quadriennaux après expertise ou des comités des organismes ou de la Mission de la recherche universitaire. Le complément de formation indispensable pendant le cursus du doctorant ne devrait plus être dispensé pendant la seule année du DEA, mais étalé sur la période complète de formation ....
Le principe de base de toute école doctorale doit être de pouvoir répondre à la question suivante : former des docteurs, pour quoi faire ? et la priorité absolue des responsables de l'école doctorale doit être de préparer l'avenir professionnel des futurs docteurs, que cet avenir soit dans l'enseignement supérieur et la recherche publique, ou dans tout autre type d'insertion dans les milieux socio-économiques, sans limiter son horizon à la France.
Les quelques remarques suivantes sont destinées à vous indiquer dans quel esprit seront menées les négociations avec vous sur les écoles doctorales dans le cadre du volet recherche de votre contrat d'établissement.
Par rapport aux situations antérieures et aux contrats précédents, la reconnaissance et l'habilitation des DEA sera intégrée dans l'accréditation des écoles doctorales des établissements de votre secteur. Le DEA reste le diplôme décerné à la fin de la cinquième année d'étude : il reste indispensable, ne serait-ce que pour l'attribution des allocations de recherche, mais il est souhaitable qu'il ne soit pas conçu comme un diplôme terminal, mais comme un diplôme intermédiaire de niveau dans le cadre des études doctorales. Il est souhaitable que l'organisation de la formation soit semestrialisée, pour favoriser les passerelles entre les cursus. Vos propositions, comme la négociation après évaluation, doivent tenir compte des problèmes de relations entre établissements, des DEA multi-sceaux, des réseaux antérieurs ou nouveaux que vous pouvez désirer conserver ou construire.
1) L'initiative des propositions
L'initiative de la proposition d'école doctorale et des DEA qu'elle comporte incombe totalement aux établissements.
Une école doctorale peut être d'établissement, ou de site ( collaboration thématique entre plusieurs établissements d'une même ville universitaire). Elle peut couvrir un seul secteur scientifique ( au sens des sept secteurs des directions scientifiques de la Mission de la recherche universitaire); elle peut être plus large , plus interdisciplinaire autour d'une thématique transversale. Si les effectifs de doctorants sont particulièrement importants, l'école peut être plus proche des disciplines que des secteurs, mais il serait regrettable qu'elle soit strictement mono disciplinaire.
2) Des écoles adossées à la recherche de qualité
L'école doctorale est un lieu de formation d'excellence. Elle n'a de sens que si elle s'appuie sur un ensemble coordonné d'équipes de recherche et de laboratoires reconnus et de qualité ( c'est-à-dire évalués par les EPST et la Mission, et inscrits au contrat). Le doctorant prépare sa thèse dans une de ces équipes. C'est cette réunion d'équipes reconnues qui est la base de toute école doctorale.
Cela a pour conséquence que chaque établissement (ou groupe d'établissements par site) dessine son ou ses Écoles doctorales en fonction de son potentiel d'équipes de recherche de qualité. Par là même, l'Université affiche sa ou ses spécialisations, et attire les doctorants qui sauront trouver l'encadrement recherche nécessaire dans leur spécialité.
3) La dimension idéale d'une École.
L'École doctorale se veut également une ECOLE , c'est-à-dire un ensemble de chercheurs et d'enseignants-chercheurs, de formations ou de filières, et des doctorants en nombre suffisant pour créer à la fois une communauté et une dynamique.
A titre indicatif, avec naturellement des inflexions possibles selon les disciplines et les établissements, le profil type d'une école doctorale pourrait comprendre de 150 à 250 doctorants, assurant un flux annuel voisin de 30 à 50 jeunes docteurs, encadrés dans une dizaine ou une douzaine d'équipes ou laboratoires comprenant en tout entre 50 et 200 chercheurs et enseignants-chercheurs. Cette indication quantitative n'est en aucun cas contraignante : chaque cas sera l'objet d'un examen attentif, en fonction des secteurs disciplinaires, mais aussi du potentiel des établissements.
4) Formation
Qui dit École doctorale dit d'une certaine façon scolarité, mais adaptée à un double but : BR>
- la qualité de la recherche ( formation et innovation )
- la préparation de l'insertion du futur docteur
Pour réussir parallèlement ces deux objectifs, il est impératif d'alléger la charge d'enseignement. Le doctorant doit avoir le maximum de temps disponible pour sa thèse, et pour s'ouvrir hors du champ spécifique de sa thèse. L'essentiel de la formation disciplinaire doit être acquis dès l'entrée en école doctorale, qui ne doit plus comporter alors que les compléments nécessaires pour que le doctorant soit sans cesse au contact de l'évolution la plus récente de sa discipline. De 150 à 250 heures réparties sur l'ensemble des années de l'école doctorale (en dehors de l'année de maîtrise) semblent un niveau convenable (la dernière année du cycle doctoral, essentiellement consacrée à la rédaction de la thèse ne devrait plus comporter que des formations de sensibilisation à l'avenir professionnel du futur docteur, en dehors des séminaires scientifiques permettant au doctorant de présenter l'état de sa recherche).
L'originalité de l'école doctorale repose avant tout sur la palette de formations proposées par l'équipe qui la dirige ( le directeur, les responsables des équipes et des DEA, un conseil scientifique constitué pour moitié de chercheurs extérieurs à l'école et à l'établissement.)
5) Le souci constant de l'avenir professionnel du nouveau docteur
Chaque établissement est invité à présenter des formules originales pour tout ce qui peut être l'environnement nécessaire de ces écoles doctorales : le développement de l'accès aux nouvelles technologies de l'information et de la communication, l'usage des langues vivantes, les contacts internationaux, qui peuvent aller jusqu'à des conventions de co-tutelles de thèses...
Il est essentiel de consacrer une part importante du temps de formation à la préparation du doctorant à son avenir professionnel. Cette exigence peut se traduire par des formes très diverses et des initiatives multiples, séminaires, écoles d'été, doctoriales par exemple. Il faut multiplier les actions qui mettent le doctorant au contact du monde extérieur : problème de l'emploi scientifique, connaissance de l'entreprise, formation complémentaire par exemple en droit et en économie, ouverture au monde extérieur en particulier à l'Europe.
La mise en place de ces procédures de sensibilisation aux métiers futurs des chercheurs sera un élément important d'appréciation de chaque projet d'école doctorale.
6) La mise en application de la " charte des thèses "
Le Bulletin officiel de l'Éducation Nationale a publié le 1er octobre le texte cadre d'une charte des thèses, qui est un rappel des droits et des devoirs des deux parties en présence : les doctorants d'une part, les responsables de son encadrement et du suivi de la thèse d'autre part. Chaque école doctorale doit présenter les principes selon lesquels elle s'inscrit dans l'optique générale de cette charte des thèses.
Ajoutons pour conclure que préparer et réussir " sa thèse " est pour le doctorant également un exercice d'autonomie intellectuelle; mais la thèse ne se termine pas le jour de la soutenance. L'école doctorale doit aider le doctorant à exposer les résultats de sa recherche et à la valoriser en vue de son insertion professionnelle.
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