Publié le 07 mars 2000
Le ministère affiche depuis quelques mois sa volonté de réformer les études de médecine, du premier au troisième cycle.
Pour l'instant, seuls des textes concernant les seconds cycles devraient s'appliquer dès la rentrée 2001, pendant qu'un comité de réflexion placé sous la présidence du professeur Carpentier doit élaborer un rapport sur le premier cycle pour la fin de l'année, et qu'une réforme du troisième cycle doit se mettre en place pour la suite.
Vers un DEUG santé ?
On connaît déjà les grandes orientations qui devraient probablement émerger en ce qui concerne le premier cycle. Alors qu'aujourd'hui 80% des étudiants sont recalés au concours de fin de première année (PCEM1), parfois avec des moyennes de 13/20 , la première priorité consiste à corriger le gâchis humain et le bachotage peu productif provoqué par le numerus clausus (aggravé par la multiplication de prépas privées et payantes).
L'an dernier, 18 000 étudiants se disputaient ainsi les 3 500 places, sachant que les recalés n'ont en général d'autre choix que de redoubler ou d'obtenir une équivalence en deuxième année du DEUG Sciences de la Vie.
Pendant ce temps, on s'inquiète de la baisse des effectifs étudiants en sciences…
Sachant qu'il n'est pas envisagé de remettre en cause la régulation des effectifs, la solution préconisée par le ministère consiste à créer un DEUG de sciences de la vie à orientation santé, à l'issue duquel serait organisé le concours. Cela permettrait ainsi aux étudiants recalés de bénéficier d'un DEUG permettant l'inscription en licence, la durée de deux ans n'étant pas considérée comme un obstacle majeur dans la mesure où, aujourd'hui, les reçus au PCEM1 après une seule année de préparation sont très rares …
Par ailleurs, le Ministre a souvent fait part de sa conviction que la pratique de la médecine nécessite d'autres compétences que le maniement des équations mathématiques, et gagnerait en revanche à s'ouvrir sur les disciplines de sciences humaines et sociales, ce qui milite pour une formule de DEUG ouvert à des publics plus diversifiés.
Un second cycle pour une médecine plus humaine
On retrouve une partie des ces préoccupations dans la réforme du second cycle, présentée au Conseil National de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche le 21 février dernier. L'arrêté adopté par le CNESER vise en effet une médecine « plus humaine, moins technologique », avec un cursus centré sur « l'enseignement des processus pathologiques, leur thérapeutique et leur prévention, ainsi que sur l'enseignement des systèmes de santé, l'évaluation des pratiques de soin, la déontologie et la responsabilité médicale ».Les enseignements devraient être organisés en petits groupes, la recherche documentaire et les exposés y tiendront une place plus importante, ainsi que les oraux, « au cours desquels les étudiants devront expliquer leurs choix diagnostiques et thérapeutiques et apprendre à les formuler aux malades et à leurs familles ».. Nouveauté : un diplôme viendra sanctionner ces études de second cycle.
Les généralistes ne seront plus les recalés de l'internat
Dans le prolongement, un nouveau concours d'internat verra le jour en 2004, qui sera uniquement rédactionnel et devra permettre d'explorer « les capacités d'analyse et de synthèse des étudiants à partir d'un nombre réduit de dossiers et d'articles scientifiques ». Ce concours classant devra ouvrir l'accès à toutes les spécialités, afin d'éviter que les généralistes ne soient que les « recalés » du concours d'internat.
Si l'esprit général de ces orientations est en général plutôt bien accepté par les représentants de la communauté universitaire, les organisations directement liées au milieu médical sont plus réticentes, voire carrément hostiles (Association nationale des étudiants en médecine de France par exemple), avec notamment une crainte affirmée de voir les études moins liées aux activités hospitalières..
La recherche d'un consensus s'annonce - sans surprise- bien difficile, dans un secteur de l'enseignement supérieur traditionnellement directement géré par la profession médicale…
Le ministère entend réformer progressivement les études de santé, avec pour objectif de substituer une évaluation des capacités d'écoute et de diagnostic à l'enchaînement actuel de QCM hyper-sélectifs.
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