Le Centre d'Etudes et de Recherche sur les Qualifications (CEREQ) a rendu public les résultats définitifs de son enquête 1999 sur les sortants de l'enseignement supérieur en 1996. Le CEREQ s'intéresse ainsi aux sortants dans les trois années de leur entrée dans la vie active, ce qui permet d'évaluer aussi bien leur situation d'insertion sur une période significative, que leur progression professionnelle éventuelle.


Cette enquête s'insère dans une série entamée en 1997, qui porte sur un échantillon de 5000 sortants.


La massification n'a pas débouché sur des phénomènes correspondants de chômage des diplômés


Première constatation d'ensemble : malgré la massification de l'enseignement supérieur, l'amélioration des taux de réussite et l'allongement tendanciel des études, l'insertion professionnelle des jeunes diplômés n'a pas connu de dégradation correspondante, en dépit de des difficultés dans la période 1994-1995.

De ce point de vue, les scénarios catastrophiques de ceux qui prédisaient un chômage massif pour les nouvelles générations étudiantes se sont révélés infondés : le risque de chômage est prés de deux fois moindre pour les diplômés de l'enseignement supérieur que pour les bacheliers, la précarité n'apparaît pas comme une tendance lourde après les études, et les diplômes des troisièmes cycles universitaires accèdent même à des emplois de plus en plus stables après trois ans de vie active.

Un autre discours souvent entendu depuis la fin des années 80 s'est avéré inexact : celui qui voyait dans le développement des formations supérieures courtes, au détriment des formations longues, le seul moyen de répondre aux besoins du pays.

Il apparaît en effet que le développement des emplois dans la catégorie des cadres et professions intellectuelles a joué en faveur de l'enseignement supérieur long.

On peut s'interroger, à la lumière de ces constats, sur la pertinence d'avoir développé des formations de type IUT disséminées sur tout le territoire, alors que tout indique que leurs diplômés seront conduits à valoriser au contraire leur intégration dans les formations universitaires longues (qu'elles soient professionnelles ou plus générales).

L'évolution actuelle de reprise économique accélère cette tendance, avec un effet de substitution du secteur privé vis-à-vis du secteur public : alors que les débouchés stagnent dans la fonction publique et surtout l'enseignement, un essor durable marque les emplois d'ingénieurs et de cadre dans les entreprises.


Les formations universitaires ont réussi à investir tous les segments du marché de l'emploi qualifié


En fait, tout semble indiquer que les universités, notamment, ont su développer des formations professionnelles longues et des diplômes adaptés à certains secteurs dynamiques de l'emploi, qui "tirent" vers le haut les chiffres de l'insertion des étudiants et permettent aux universités de concurrencer sérieusement les grandes écoles.

C'est le cas en premier lieu des formations ouvrant vers les emplois d'ingénieurs, car la hausse du nombre de diplômés des écoles d'ingénieurs n'a pas suffi à satisfaire la demande des entreprises, notamment pour les emplois liés aux technologies de l'information et de la communication.

On constate ainsi que les docteurs en mécanique, électricité et informatique bénéficient d'une insertion comparables à celle des diplômés des écoles d'ingénieurs. Même au niveau du second et troisième cycle (DEA-DESS) dans ces champs disciplinaires, la moitié des sortants deviennent ingénieurs en informatique !

Plus largement, une grande majorité des diplômés de DESS en sciences dures connaissent des conditions d'insertion très favorables, ainsi que les diplômés issus des formations professionnelles type IUP.

Globalement, le CEREQ note que l'université est dorénavant présente sur tous les segments du marché des emplois qualifiés, non seulement dans ses secteurs traditionnels et quasiment monopolistiques (cadres de la fonction publique, professions du droit et de la santé), mais aussi dans les cadres du secteur privé (où les universitaires dominent par exemple le marché des cadres en gestion), les professions intermédiaires, et plus timidement dans les secteurs de l'industrie et du commerce.


Une concurrence objective entre seconds-cycles et DUT-BTS sur le marché des professions intermédiaires


En revanche, il semble que l'insertion professionnelle devient qualitativement plus délicate lorsqu'on descend au niveau des diplômés entre Bac+2 et Bac+4.

Si les entreprises offrent globalement plus d'emplois de haut-niveau, leurs exigences en matière de niveau de formation initiale s'accroissent encore plus vite, pendant que les recrutements au niveau cadre du secteur public, plus accessibles avec une "simple" licence ou une maîtrise, ne compensent pas cette inflation.

Les emplois de cadre sont de plus en plus réservés à des formations supérieurs au niveau Bac+4.

Parallèlement, les professions intermédiaires ne connaissent pas le même dynamisme, alors que les sortants de second cycle se rabattent dessus.

L'essor de l'enseignement supérieur a donc accru la concurrence entre les diplômés pour accéder à certains emplois, avec une réelle tension sur les professions intermédiaires convoitées aussi bien par les diplômés de second cycle que par le titulaires de DUT et de BTS.

Autrement dit, diplômés d' IUT, de STS et de seconds cycles rencontrent plus de difficultés d'insertion, avec un accès aux emplois de cadre plutôt réservé à ceux qui ont continué leurs études, et des handicaps récurrents à progresser professionnellement dans la suite de leur carrière.

On peut d'ailleurs remarquer que même les sortants non-diplômés de second cycle (ceux qui sortent sans avoir obtenu la licence) connaissent des situations plus favorables, sur la durée, aux sortants directs des Bac+2. Le fait d'avoir suivi quelques mois d'études supplémentaires, même non couronnés de succès aux examens, représente un atout relatif.

Il sera intéressant de voir, dans ce contexte, les effets de la création des licences professionnelles ouvertes lors de la rentrée 2000.


Les filières académiques monodisciplinaires profitent mal des nouvelles opportunités d'emploi


Au sein même de l'université, tous les secteurs ne rencontrent évidemment pas les mêmes opportunités d'insertion.

Ainsi, si les titulaires de DUT tertiaires relativement en difficulté face aux diplômés des seconds cycles, leurs camarades des spécialités industrielles restent en revanche plus protégés de la concurrence.

Au niveau disciplinaire, les formations les plus dépendantes des débouchés de l'enseignement (lettres et sciences humaines essentiellement) confrontent leurs diplômés à la stagnation des recrutements de professeurs

Mais on remarque aussi des difficultés particulières soit dans certains secteurs des sciences dures (chimie et à un degré moindre biologie) du fait de problèmes étroitement liés à des faiblesses économiques hexagonales, soit dans certaines disciplines comme le droit ou la science économie. Dans ces deux derniers cas, alors que les docteurs tirent très convenablement leur épingle du jeu, les diplômés de second cycle, voire de DEA, rencontrent de nombreuses situations de déqualification.

Si l'on peut fonder des espoirs sur la reprise des recrutements dans l'enseignement supérieur et la recherche, liée aux départs à la retraite massifs dans les prochaines années (qui bénéficieront d'abord aux docteurs), il reste à l'évidence un problème structurel pour des formations trop académiques et monodisciplinaires pour envisager de profiter du développement de la reprise économique dans le secteur privé, malgré le développement exponentiel du secteur des services.



La récente enquête du CEREQ sur l'insertion professionnelle des jeunes diplômés montre notamment que les universités ont réussi à investir l'ensemble du marché de l'emploi qualifié.

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