Publié le 12 avril 2000
Le rapport de la direction de la recherche est marqué cette année par l'attachement porté aux écoles doctorales, qui doivent devenir l'unité de base de structuration menant du DEA jusqu'à la thèse.
De 32 à leur création en 1990, les écoles doctorales sont actuellement au nombre de 244.
Significativement, l'introduction du rapport signale que cette enquête est la dernière du genre à procéder des réponses apportées par les responsables de DEA, celle de l'année prochaine devant normalement être directement renseignée par les écoles doctorales.
Etant donné le volume important d'informations rassemblées par ce rapport , nous renvoyons nos lecteurs à la consultation par thèmes du document (cf. lien mentionné en bas de cet article), en nous contentant ici de relever quelques points particuliers sur les DEA et les thèses.
Des DEA plus conformes à leur vocation
Après un pic atteint en 1994, le nombre d'étudiants s'engageant dans les formations doctorales continue à diminuer, avec une baisse qui touche plus sensiblement la plupart des sciences dures, alors que les effectifs en sciences humaines restent stables à l'exception des sciences économiques et de gestion.
D'une façon générale dans ce troisième cycle d'études, on note vraisemblablement aussi les effets d'une meilleure situation du marché de l'emploi qui contribue à diminuer les parcours « longs ».
On peut aussi constater que les efforts menés depuis plus de dix ans pour mieux organiser et encadrer les études doctorales commencent à porter leurs fruits.
C'est ainsi que le taux moyen de succès au DEA continue à augmenter (67.3% en 1998), ce qui est somme toute logique dans la mesure où le DEA constitue dans son esprit plus une préparation à la recherche qu'un diplôme terminal sanctionnant un niveau (contrairement au DESS par exemple).
Le taux moyen de succès oscille entre 71 à 94% en sciences dures, et 47 à 70% en sciences humaines, avec des progrès notables en sciences juridiques et politiques où il passe de 64.5% en 1996 à 70,3% en 1998. Un diplômé de DEA sur deux s'inscrit en thèse immédiatement après l'obtention de son diplôme.
Evolution comparable du point de vue des effectifs, avec une moyenne de 32 inscrits par DEA, mais surtout une baisse sensible des gros DEA (60 inscrits ou plus) qui passent de 14% en 1993 à 8,6% en 1998.
Si la création des écoles doctorales et le lancement d'initiatives telles que les doctoriales témoigne d'un souci de l'insertion professionnelle des étudiants concernés, la nature du DEA n'en reste pas moins en effet théoriquement d'abord la préparation à la recherche.
A noter quand même que parmi les 50 DEA comportant plus de 80 étudiants inscrits (!), 50 se situent dans le domaine des sciences humaines.
La persistance d'importantes disparités régionales
Peu d'évolutions significatives en matière de répartition régionale des DEA : 10 régions sur 24 concentrent 85.6% des diplômés, avec bien évidemment en tête l'Ile-de-France (40.4% des diplômés).
Malgré les rattrapages en matière de rééquilibrage de la répartition de l'enseignement supérieur sur le territoire développés ces vingt dernières années, on s'aperçoit, si besoin est, que le secteur de la recherche est celui qui ressent le plus lentement les effets de ces évolutions, et en même temps que la recherche n'obéit pas aux mêmes logiques que celles de l'offre de formation.
On constate ainsi que deux grandes régions comme le Nord-Pas-de-Calais et la Bretagne ne produisent respectivement que 3.9% et 3.4% des diplômés de DEA.
En sciences humaines et sociales, l'hypertrophie de la région parisienne est même loin de diminuer, puisqu'elle comprend 64.9% des diplômés, en progression de 1 point par rapport à l'année précédente !
Thèses en sciences humaines ou en sciences dures : deux mondes encore profondément différents
Diminuant globalement de 4.5%, le nombre de thèses soutenues est particulièrement en baisse en mathématiques et sciences pour l'ingénieur ainsi qu'en chimie.
Si l'on peut penser que l'amélioration des opportunités professionnelles contribue à certaines baisses, on peut s'inquiéter de ce phénomène si on le met en relation avec la désaffection pour les filières scientifiques à l'entrée de l'université…sachant qu'il faudra néanmoins faire face à des départs massifs à la retraite d'enseignants-chercheurs dans les prochaines années.
Le taux moyen d'abandon en cours de thèse est évalué autour de 40%, mais il est toujours tiré vers le haut par les sciences humaines pour lesquelles on évalue un taux d'abandon avoisinant les 55%.
Malgré l'augmentation sensible des allocations de recherche en sciences humaines depuis dix ans, on peut noter que l'absence de financement ne peut être retenue comme seule raison de la difficulté pour les étudiants de ce secteur à aller jusqu'au bout de leur thèse : une minorité des allocataires de sciences humaines finit sa thèse en moins de quatre ans . 38.9% des allocataires en sciences humaines de 1995 ont soutenu une thèse en 1998 alors que 86.7% des allocataires en sciences dures la soutiennent en 3 ans.
Tous les indicateurs (durée, âges des doctorants, devenir professionnel…) montrent d'ailleurs que derrière la fiction d'un même régime réglementaire, la thèse n'a généralement pas la même signification en sciences humaines qu'en sciences dures, à l'image des différences profondes de la recherche dans les deux grands ensembles.
Si le fait est connu et plus ou moins admis dans la communauté des enseignants-chercheurs, on peut se demander si tous les étudiants en sont avertis suffisamment tôt pour éviter certaines déconvenues lorsqu'ils s'engagent en DEA…
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