Publié le 19 déc. 2008
En décembre 2007, Valérie Pécresse présente son plan pluriannuel de réussite en licence qui prévoit un accompagnement personnalisé des étudiants. Quelques ont été les universités innovantes ? Comment s’est déroulée la mise en route de ce chantier ?
Doté de 730 millions d'euros en cumulé sur 2008-2012, ce plan prévoit principalement un encadrement pédagogique renforcé dans les établissements et une rénovation du contenu de la Licence avec l'instauration d'une première année davantage pluridisciplinaire et recentrée sur les fondamentaux.
Les ambitions du ministère
Partant d’un constat des difficultés rencontrées en licence (mauvaise orientation, transition difficile du secondaire au supérieur et problème de reconnaissance du diplôme dans le secteur professionnel), le ministère a présenté un plan issu de la concertation engagée dans le cadre du chantier "réussir en licence et lutter contre l'échec à l'université" avec la communauté universitaire au moment de la discussion sur le projet de loi autonomie.
Les objectifs sont clairs :
- diviser par deux le taux d’échec en première année en 5 ans ;
- faire de la licence un diplôme national qualifiant pour les poursuites d’études ou l’insertion professionnelle ;
- atteindre un objectif de 50% d’une classe d’âge au niveau licence.
Avec la loi LRU, les universités ont donc pour mission de faire de la licence un diplôme qualifiant, reconnu et prisé sur le marché du travail tant national qu’européen. La plupart ont donc mis en place des « plans licence », déclinaisons concrètes des préconisations ministérielles.
Les projets des universités détaillant les actions en faveur de la rénovation de la licence ont été validés fin mai 2008 selon trois axes :
- accompagnement des étudiants,
- spécialisation progressive sur le socle d’une première année pluridisciplinaire,
- ouverture sur les champs des métiers.
79 universités ont rendus un projet de rénovation de leur cursus licence. En septembre 2008, la ministre annonçait que 90% des projets présentés dans le cadre du plan licence étaient conformes au cahier des charges. 16 universités ont été distingués pour leurs « projets exemplaires" [universités de Provence (Aix-Marseille-I), Méditerranée (Aix-Marseile-II), Paul-Cézanne (Aix-Marseille-III), Bordeaux-I Sciences et Technologies, Bourgogne (Dijon), Joseph-Fourier (Grenoble-I), La Rochelle, Le Havre, Lille-I Sciences et technologies, Paul-Verlaine (Metz), Henri-Poincaré (Nancy-I), UPMC (Paris-VI), Paris-XII Val-de-Marne, Pau et Pays de l'Adour, Poitiers et Le Mirail (Toulouse-II)]
En savoir + > l’évaluation des projets
Les universités ont reçu des crédits suite à un examen détaillé des projets :
- l’accueil des nouveaux étudiants (orientation active ; dispositif d’accueil ; mise à niveau ; UE de méthodologie),
- le renforcement de l’encadrement pédagogique (enseignant référent ; soutien aux étudiants en difficulté ; augmentation des horaires ; diversification méthodologique),
- la spécialisation progressive/réorientation (L1 pluridisciplinaire ; réorientation en L1 ; passerelles ; ouverture vers la licence professionnelle). - la professionnalisation (projet personnel de l’étudiant ; unité d'enseignement de professionnalisation ; langues vivantes ; technologies de l’information et de la communication ; stages ; conseils de perfectionnement ; fiches d’inscription au registre national de certification professionnelle).
Le plan licence > chacun sa philosophie
A l’heure où le « Plan licence » devrait être rentré en application dans toutes les universités de France, force est de constater que les établissements s’impliquent différemment en mettant en place des actions innovantes et spécifique à leurs établissements. Petit tour d’horizon des actions particulières.
A Toulouse II et Paris VII, plusieurs pistes ont été suivies : remise au goût du jour les devoirs à faire à la maison tout en mettant davantage d’heures de travaux pratiques dans l’emploi du temps des élèves. L’augmentation des effectifs dans certaines matières ont permis à ces établissements de mettre moins de cours magistraux et plus de TD.
Concernant le renforcement de l’accueil et le suivi des étudiants, l’université d’Aix-Marseille consacre les deux premières semaines à l’accueil des nouveaux. Après un premier diagnostic, des propositions de soutien ou de tutorat sont formulées aux élèves. Il est suivi, à la fin du premier semestre, d’un bilan mesurant la situation de chacun.
A Paris XII, les nouveaux étudiants se voient proposer pas moins de cinq heures de cours de tutorat en plus de l’emploi du temps normal. Des cours sont également mis en place pour aider les étudiants à mieux maîtriser l’art de l’expression écrite. L’objectif est de les aider à se mettre au niveau de l’université.
L’université de Poitiers, qui fait partie des seize meilleures maquettes de licence rénovées, annoncées par Valérie Pécresse le 18 septembre 2008 propose quant à elle un projet innovant intitulé « Rebond ». Ce dispositif est destiné « aux gros décrocheurs », explique Françoise Lambert, vice présidente formation de l’université poitevine. Il s’agit d’une année d’étude pour retrouver son chemin à l’université. Le premier semestre comprend des enseignements transversaux (informatique, langues, méthodologie, travail sur un projet…). Au deuxième semestre, l’étudiant poursuit cette formation générale et s’inscrit également dans certaines matières d’une filière de son choix. « L’étudiant peut ainsi voir si le domaine l’intéresse et valider quelques ECTS, pour ensuite rattraper la filière l’année suivante, ou partir en BTS », souligne la vice-présidente. Le SCUIO/Planète Info et le Safire (service commun chargé de l’éducation, de la formation tout au long de la vie et de l’aide à l’insertion professionnelle) gèrent ce programme.
Enfin, l'université du Havre (6 500 étudiants et 1200 inscrits en première année) fait de l’aide à la réussite un « objectif prioritaire ». Ici, les petits effectifs permettent un meilleur dialogue entre étudiants et enseignants. Sans attendre le plan ministériel Réussir en licence, l’université a mis en place un dispositif d’accueil à l’accompagnement : instauration, dès le premier semestre de L1, des tests de français pour les étudiants en lettres et des tests de langue en licence d’anglais. L’objectif est de repérer des difficultés le plus tôt possible pour pouvoir y remédier par le biais du tutorat. Même principe d’un suivi individualisé en droit-éco-gestion pour les étudiants en difficulté, qui bénéficient de trois entretiens individuels de vingt minutes. Enfin, si l’échec se confirme, des passerelles existent avec deux filières d’IUT – GEA (gestion des entreprises et des administrations) et informatique –, qui proposent une rentrée décalée en février.
Lyon 2 > le travail d’une université
Pour de nombreuses universités, la publication du cahier des charges eu un effet très positif. La question de l’échec en L1 appelant à une réflexion de fond sur des actions à entreprendre pour y remédier. Pour l’université Lumière Lyon 2, le plan licence c’est l’opportunité de conforter deux de ses objectifs pédagogiques : l’augmentation du taux de réussite et d’insertion professionnelle des étudiants. Le plan licence c’est également le travail d’une université, d’une équipe, d’une organisation.
Comment les établissements ont-ils gérés ce travail ? Quelles ont été les ressources humaines et financières mises en place dans l’élaboration d’un plan licence.
Rencontre avec Marie-Thérèse MAURER – ancienne VP CEVU et VP chargée de la formation initiale et continue, qui a travaillé à l’élaboration du plan licence pour l’université Lumière Lyon 2.
Qui a été chargé de la mise en œuvre du plan licence à Lyon 2 ?
C’est la Vice-présidente CEVU qui a premièrement été chargée de la mise en œuvre du plan. A la base, nous n’avons pas bénéficié de moyens supplémentaires. Le travail a été effectué avec l’équipe présidentielle, puis avec les doyens directeurs et au sein du comité de la pédagogie qui représente les différentes catégories de la communauté universitaire (étudiants, administratifs, enseignants).
Comment s’est déroulé le programme d’actions jusqu’à la publication de votre plan licence ?
Nous avons eu environs une dizaine de réunions dans un laps de temps réduit. A ces réunions participaient la division des études et le SCUIO. En termes de budget, notre université a dégagé environs 523 000 euros pour la mise en place du plan.
L'élaboration du plan licence a mobilisé la communauté universitaire à plusieurs niveaux. La charge de travail, en amont du projet, et compte tenu du délai très court, a été énorme. En tant que VP, j'ai consacré l'équivalent de 7 jours pleins en réunions et 3 de contacts divers, préparation et compte-rendus de réunions, rédaction du projet, modifications, contrôles de faisabilité, élaboration d'un cahier des charges. Pour les services environ 2 jours...
Tous les services impliqués dans l'organisation du parcours Licence ont travaillé sur ce plan licence. (division des études, SIGMA - Statistiques, Indicateurs,Gestion des Moyens, Analyses- , SCUIO,), mais aussi l'équipe présidentielle, les doyens et directeurs de composantes et le comité de pilotage.
Chacun a travaillé selon son champ de compétences : organisationnel pour la division des études, synthèse des attentes des étudiants et répartition des moyens pour SIGMA, expertise orientation et communication pour le SCUIO, évaluation globale des niveaux et des besoins des étudiants pour les doyens et les directeurs et enfin la coordination et mise en place par l'équipe présidentielle.
Comment ont été définis les objectifs (analyse, étude …) ?
Les objectifs ont été définis sur la base des demandes et attentes formulées par la communauté universitaire et à partir des études de l’observatoire (indicateurs et évaluation des étudiants).
Notre objectif principal est de mettre l'échec en échec en travaillant sur l'accueil, l'écoute et la remise à niveau des étudiants. Il s'agit de réduire notablement le taux d'abandon en L1 notamment en améliorant le niveau de français des primo-arrivants, en leur offrant une aide personnalisée et un soutien méthodologique spécifique.
Lyon 2 > fiche d’identité
3 domaines :
- Arts, Lettres, Langues ;
- Sciences humaines et sociales ;
- Droit, Économie, Gestion.
Nombres étudiants > au 15 janvier 2008 : 27 191étudiants
Formations > 377 formations diplômantes sont proposées
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