Publié le 07 janv. 2005
Rédigé sous la direction de madame Dominique Versini, le rapport sur la diversité dans la fonction publique tente d'aborder la question sous un maximum d'angles. Le rapport met en lumière de nombreux "points de frictions" qui freinent encore l'accomplissement d'un certain idéal républicain.
Les caractères de la discrimination
En ce qui concerne le sexe il apparaît que "les femmes représentent 59% des salariés de la fonction publique contre 43% du privé". Pour ce qui est de la rémunération "l'arrivée des femmes dans les 25% de salaires les plus élevés a été plus forte dans le public (46,3%) que dans le privé (27,6%)". Les auteurs précisent cependant que "les femmes sont majoritaires parmi les cadres et les fonctions intellectuelles de la fonction publique de l'État puisqu'elles occupent, fin 2002, 53% de ces emplois [..] leur accès aux postes de direction reste faible et progresse lentement". Les femmes n'occupent effectivement, dans la fonction publique d'Etat, que 13% des emplois supérieurs.
Pour les personnes handicapées les auteurs constatent que " [leur] taux d'emploi (..) est, comme dans le privé, encore loin du taux légal : 4,3% dans la fonction publique Etat, 3,6% dans la fonction publique territoriale et 4,5% dans la fonction publique hospitalière"
Le nom, la couleur de la peau sont autant de facteurs de discrimination. Les "jeunes français issus de l'immigration – même lorsqu'ils sont diplômés- sont deux fois et demi plus au chômage que les jeunes français dont les deux parents sont nés français".
Le système scolaire
L'origine sociale est aussi un facteur d'inégalité et "la réduction des écarts entre les groupes sociaux dans l'obtention des diplômes, à laquelle devait logiquement conduire la démocratisation de l'enseignement supérieur, n'est pas encore pleinement réalisée. Un enfant d'ouvrier a aujourd'hui cinq fois moins de chances qu'un enfant de cadre supérieur d'obtenir son baccalauréat. L'accès à l'enseignement supérieur des enfants d'ouvriers et d'inactifs, qui se situe aujourd'hui autour de 30%, reste très inférieur à celui des enfants d'enseignants et de cadres qui, lui, avoisine les 80%".
Pour essayer d'enrayer ce phénomène deux grandes écoles se sont engagées dans des programmes volontaires en direction de publics déterminés.
Sciences Po ouvre le bal.
Les conventions éducation prioritaire de l'IEP de Paris qui tissent des liens avec des lycées de ZEP et permettent aux meilleurs élèves de ces derniers d'intégrer l'école. Une procédure de sélection différente de celle du concours d'entrée a été mise en place "Ce dispositif représente, au sein du cercle très fermé des grandes écoles, la première initiative volontariste menée en faveur de l'ouverture du recrutement aux jeunes des catégories socioprofessionnelles défavorisées, par l'institution d'une procédure de sélection distincte. Il constitue le principal point de référence du débat, récemment réactivé, sur la discrimination socio-économique".
L'ESSEC : donner les outils culturels.
L'ESSEC se tourne aussi vers ces élèves qui, malgré des compétences certaines, se refusent à penser pouvoir intréger les écoles les plus prestigieuses. "La principale différence entre ce dispositif et les Conventions Education Prioritaire mises en place par Sciences-Po réside dans le refus d'une quelconque remise en cause ou de tout aménagement du concours. Il s'agit d'offrir aux lycéens les outils pour comprendre l'univers de la grande école et de l'entreprise dans ses fonctions d'encadrement ou de management, afin qu'ils puissent exprimer au maximum leur potentiel individuel. Les résultats obtenus pour l'instant sont encourageants en termes de motivation, de progression comportementale des élèves, d'aisance orale et d'implication des proviseurs et professeurs dans les établissements concernés."
Le ministère de l'éducation nationale envisage de signer une convention avec la Conférences des grandes écoles afin de reproduire, vers un plus grand nombre de grandes écoles, ce principe mis en place par l'ESSEC d'accompagnement des élèves "de très bon niveau" provenant de zones d'éducation prioritaires.
La fonction publique
La nombre de travailleurs handicapés dans la fonction publique augmente constamment depuis 1996. Cependant "l'objectif de 6% fixé par la loi semble souvent difficile à tenir du fait d'un vivier de candidats insuffisant. Cette difficulté est particulièrement marquée dans l'éducation nationale qui recrute essentiellement des agents de catégorie A, alors que les personnes handicapées possèdent un niveau de formation moyen inférieur à celui de la population. Au vu des recrutements du ministère, il faudrait qu'il accueille près de 5000 à 6000 personnes handicapées par an pour atteindre un flux de 6% de personnes handicapées, ce qui est pratiquement impossible à l'heure actuelle." Les experts font remarquer qu'il existe plus de 7000 étudiants handicapés déclarés en France aujourd'hui, ce qui représente un important vivier pour l'employeur public.
Les recommandations
Les auteurs suggèrent d'investir les champs de la communication (promotion d'une Charte de la diversité dans la fonction publique) ou de la formation des cadres à la lutte contre les discriminations. Il s'agirait en outre de se diriger vers les publics potentiels et les informer sur les opportunités offertes par la fonction publique. L'élargissement des voies d'accès à la fonction publique (annuler au maximum les limites d'âge,..) ou la dynamisation de la gestion des carrières (encourager la VAE, ..) sont aussi des points sur lesquels les rédacteurs du rapport invitent le gouvernement à réfléchir.
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