Publié le 22 déc. 2004
En ouvrant les pages de Libération , ce matin de février, la colère des chercheurs vient réveiller une France en hibernation. Les mesures proposées par le gouvernement furent qualifiées de "dérisoires" par le collectif Sauvons la recherche. La crise venait de naître. Un ras-le-bol généralisé qui, finalement, explose. La recherche étouffe et cherche l'air qui lui manque pour pouvoir continuer sa course de fond face à des concurrents comme les Etat-Unis. Les chiffres sont accablants : la France consacre 1.9% de son PIB à la recherche et au développement. La Suède dépasse les 3%, les USA atteignent les 2.7%. Les jeunes chercheurs font leurs valises. Les Etats-Unis leurs tendent les bras.
La Conférence des présidents d'universités (CPU) entre dans le débat et estime que, "pour porter ses fruits, une réforme ambitieuse et réaliste doit être accompagnée d'une augmentation substantielle des moyens du service public d'enseignement supérieur et de recherche".
La CPU organise les 19 et 20 février un colloque consacré à l'avenir de la recherche publique et tente de poser les questions essentielles afin de créer l'armature intellectuelle nécessaire à l'évolution du débat. Alain Trautmann et Axel Kahn participent à la réunion. Ils viennent de rassembler plus de 50 000 signatures de soutien et envisagent une action plus significative.
Près de 1400 chercheurs démissionnent le 9 mars.
Moins d'un mois après le colloque organisé par la CPU, 600 responsables d'équipes et 800 directeurs de laboratoires, réunis à l'Hôtel de ville de Paris, démissionnent de leurs fonctions administratives. L'effet est spectaculaire. Le mouvement prend une autre dimension. Luc Ferry annonce qu'il ne peut promettre plus que ce qui a déjà été annoncé par le premier ministre. Ce dernier se défend et estime avoir fait "depuis un mois un certain nombre de gestes très significatifs". Les chercheurs ne sont pas satisfaits et appellent à multiplier les actions.
Ce même jour une conférence de presse est organisée à l'Académie des sciences par Étienne-Émile Baulieu et Édouard Brézin, respectivement Président et Vice-Président de l'Académie. Le Comité national d'initiative et de proposition pour la recherche (CIP) est créé. Il sera chargé de préparer les Etats Généraux de la recherche, de recueillir et organiser les revendications des chercheurs afin de participer à l'élaboration de la loi d'orientation sur la recherche.
Nouvelles cartes
Remaniement ministériel. Exit Luc Ferry, bienvenue François Fillon. Le gouvernement change ses cartes et donne un nouvel interlocuteur aux chercheurs. Un nouvel interlocuteur mais aussi de nouvelles propositions. Un milliard d'euros en plus (chaque année, sur trois ans) et 1000 emplois supplémentaires. Des chiffres ronds à fort impact. Les chercheurs ne désarment pas.
Les Etats Généraux
Les Assises nationales de la recherche ont eu lieu les 28 et 29 octobre à Grenoble. Chaque comité local y apporte sa contribution. Les cerveaux chauffent pour permettre la fusion des textes et n'en n'obtenir qu'un, le rapport final qui a été présenté au ministre. Cette voix des chercheurs entend bien peser dans la discussion de la future loi d'orientation les concernant. Toutefois les "points de convergence qui se sont exprimés ne suffisent pas [selon la CPU] pour dessiner les contours d'un projet ambitieux". Ayant accompli sa mission le CIP est remplacé par un comité de suivi qui est chargé de suivre la prise en compte des recommandations faites par les chercheurs.
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