Jean-Luc Primon, maître de conférence en sociologie, est l'auteur avec Alain Frickey d'un article sur "Les manières sexuées d'étudier en première année à l'université", paru dans la revue Sociétés Contemporaines de l'IRESCO (Institut de Recherche sur les Sociétés Contemporaines). Il revient sur l'étude menée à l'université de Nice.

Jean-Luc Primon, maître de conférence en sociologie, est l'auteur avec Alain Frickey d'un article sur "Les manières sexuées d'étudier en première année à l'université", paru dans la revue Sociétés Contemporaines de l'IRESCO (Institut de Recherche sur les Sociétés Contemporaines). Il revient sur l'étude menée à l'université de Nice.


Comment avez-vous commencé à travailler sur les différences entre filles et garçons à l'université?

Cet article est issu d'une recherche mise en place il y a quatre ou cinq ans et commandée par la DPD. Nous l'avons menée à l'université de Nice mais également dans plusieurs universités parisiennes.

Elle comportait deux volets : un volet qualitatif sur la filialisation intellectuelle aux études et un autre qui s'attachait plus à la manière d'étudier de ces jeunes. Pour ce second volet, nous avons procédé par questionnaire. Il s'agissait pour nous de déchiffrer les manières de faire des étudiants.

L'un des objectifs était bien sûr de faire une comparaison Paris/ province, mais aussi de dresser des comparaisons interdisciplinaires entre AES (Aministration Economique et Sociale), psychologie, droit et histoire.

Les conclusions de ces travaux ont été publiées par la DPD. Toutefois, certains des résultats n'avaient été que partiellement exploités. Notamment ceux qui concernaient la différenciation sexuelle.

Pour cet article, nous avons travaillé uniquement sur les étudiants niçois des UFR d'histoire, d'économie et de sciences de la vie. Nous n'avons pas pris en compte la psychologie où les garçons sont trop minoritaires.

Quelles conclusions avez-vous tiré de l'étude de ces questionnaires?

Il faut d'abord préciser que l'article a un caractère exploratoire. Il sera nécessaire de l'éprouver par l'expérience. C'est une des limites du questionnaire. Les étudiants nous déclarent des faits que l'observation, peut, dans certains cas, invalider.

Maintenant, le dépouillement de ces questionnaires nous a permis de confirmer des comportements que nous pressentions.

En premier lieu, la question du rapport au temps. Les filles planifient beaucoup plus leur travail avec, notamment, l'usage de l'agenda dont Lahire avait déjà démontré l'importance.

Elles travaillent également plus longtemps le week-end.

Autre point important, la façon de prendre les cours. Les filles auront tendance à noter le cours dans sa totalité. Quant aux garçons, s'ils prennent moins de notes, cela ne veut pas forcément dire qu'ils synthétisent plus, mais peut-être qu'ils ont plus le nez en l'air!


Y'a-t-il des différences dans la façon de préparer les examens?

L'élément central, pour tous, est le cours.

Mais il est vrai que la manière de l'utiliser n'est pas la même. Les filles le "retraitent": elle font tout un travail de restitution, de reprise, de réduction de surlignage… Il y a chez elle, une volonté de conservation du matériau que représente le cours.

Et même si le système de mise en fiche concerne une minorité d'étudiants, dans cette minorité, les filles sont surreprésentées.

Doit-on en conclure que les filles sont meilleures que les garçons?

Sur l'échantillon que nous avons étudié, le taux de passage des filles était un peu supérieur à celui des garçons.

Mais le rôle des méthodes de travail reste à définir. Nous savons qu'il y a un lien mais nous savons aussi que d'autres choses interviennent. Reste à savoir quoi.

Nous avons mesuré l'intensité du travail, pas forcément sa qualité. Nous connaissons le degré d'investissement, pas celui d'acquisition du savoir.

 

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