Le 23 septembre dernier l'agence Socrates-Leonardo da Vinci organisait à Paris Dauphine une journée d'information sur le programme Erasmus Mundus.

Le 23 septembre dernier l'agence Socrates-Leonardo da Vinci organisait à Paris Dauphine une journée d'information sur le programme Erasmus Mundus.

Dans une parfaite synchronisation les résultats du premier appel d'offres furent publiés la veille révélant la bonne performance française.

82 universités européennes participent à ce nouveau programme. Avec 13 établissements selectionnés la France se place en seconde position juste derrière l'Allemagne. 19 masters (sur 128) ont été retenus pour composer la première "palette" de formations destinées a attirer les meilleurs étudiants du monde.

Car il s'agit bien là de l'esprit d'Erasmus Mundus, "essayer de répondre au défi de donner la meilleure place mondiale à l'enseignement supérieur européen" selon les mots d'Augusto Gonzalez, chef d'unité à la Direction générale éducation et culture de la Commission européenne.

M Vitry, directeur de la direction des relations internationales et de la coopération (DRIC ) au Ministère de l'éducation, ajoute à ce sujet que le programme Erasmus Mundus "répond à une demande des étrangers hors Europe qui souhaitent un développement des relations avec la France, à l'exemple de la Thaïlande ou de la Louisiane". M Vitry ajoute que le programme "n'est pas destiné à être un guichet ouvert [..] nous allons sélectionner les meilleurs étudiants étrangers et nous allons les faire venir dans les meilleurs établissements". Pour autant le directeur de la DRIC se pose la question du futur, "J'ai peur que nous formions les meilleurs et qu'ils partent ensuite vers les Etats-Unis. Il nous faut réfléchir sur le devenir de ces étudiants très bien formés. Il faut les garder en France et en Europe pour qu'Erasmus Mundus ne soit pas dévoyé".

Des détails

Le programme s'adresse aux universités et s'ouvre à l'international. Les acteurs sont les 25 pays membres de l'Union et/ou de l'Espace Economique Européen.

Le budget qui lui sera accordé aura une croissance exponentielle puisque quasiment multipliée par 10 en 4 ans (8 millions d'euros en 2004, 90 millions en 2008).

Les quatre actions d'Erasmsus Mundus :

  • Action 1 : Les masters comme pierre angulaire du programme.

    • Cette première étape prévoit la mise en place d'un contrat cadre entre la Commission et les consortiums pour une période de 5 ans. Les programmes d'étude intégrés doivent :

      • - avoir des conditions d'admission et de notation communes

      • - avoir une reconnaissance croisée des cours

      • - être validé par un diplôme conjoint, double ou multiple.

      Il est essentiel que les masters aient d'abord reçu une validation nationale avant de se présenter devant la Commission. Chaque consortium devra organiser la mobilité et l'accueil de ses étudiants. Il se verra attribuer une première enveloppe de 15 000 euros qui pourra être utilisée librement par le groupement de partenaires (communication, frais de gestion…)


  • Action 2 : Les bourses pour les étudiants et enseignants des pays tiers.

    • M Gonzalez précise à ce sujet que le sens du mot "universitaire" doit être compris dans un sens large, c'est à dire que la personne peut ne pas avoir un lien académique direct. La sélection des candidats sera faite par les consortiums et non pas par la Commission. Pour guider la sélection des étudiants il est précisé que les consortiums ne peuvent accueillir plus de 25% d'étudiants d'un même pays et pas de plus de 10% ne doivent parvenir du même établissement. A noter que ces critères ne s'appliquent plus dés lors que le public visé sera celui de la "fenêtre asiatique". Les services des relations extérieurs de la Commission européenne, intéressés par le programme, ont accordé une rallonge budgétaire de presque 100 millions d'euros dés lors que les étudiants accueillis en Europe seraient des ressortissants Chinois, Indiens, Thaïlandais ou Mélanésiens.


  • Action 3 : Les partenariats.

    • Cette action débutera en novembre et permettra aux masters sélectionnés d'envoyer leurs étudiants vers des établissements des pays tiers. Une bourse de 700euros/mois sera alors accordée avec une aide de 1000 euros pour le déplacement.


  • Action 4 : La mise en œuvre générale et le soutien au programme dans son ensemble.

    • Entre 2004 et 2008 une centaine de cours seront sélectionnés ou plus en fonction de la "fenêtre asiatique". Les structures nationales assureront le relais d'informations dans les pays concernés et feront office de guichet de contact pour aider les bénéficiaires à intégrer le programme. Dés 2005 la gestion de l'ensemble sera déléguée à une agence exécutive.



Pour Jean-Marc Monteil, directeur de la DES, "Erasmus Mundus peut nous placer en bonne position face à l'Amérique du nord puisque nous allons créer une unité continentale. L'idée maîtresse est qu'il faut former sur notre continent pour investir pour l'avenir". Par effet d'entraînement ce projet européen pourrait avoir des conséquences bénéfiques puisqu'il pourrait accélérer"les réformes des pays tiers dans leur organisation générale pour suivre le dynamisme européen".

Les premières interrogations.

Lors de cette journée d'information un temps fut évidemment accordé aux questions/réponses avec les participants.

De nombreuses questions relatives à l'application concrète du programme se posent déjà. Ainsi telle université rencontre certaines difficultés pour faire valider le visa d'un étudiant situé hors de l'espace Shengen. Selon Daniel Vitry les consuls ont des consignes strictes pour les étudiants acceptés dans des programmes comme erasmus mundus et ces derniers ne doivent rencontrer aucune difficulté administrative.

Un autre problème d'importance semblerait être l'harmonisation des frais d'inscription. En Grande Bretagne les frais de scolarité peuvent être très importants comparés à ceux de leurs homologues français ou allemands. Dés lors comment concilier ces différences au sein d'un même consortium?

C'est en suivant l'exemple donné par Philippe Gourbersville qu'une solution a pu être dégagée. Cet universitaire de Sophia Antipolis est venu présenter lors de cette journée d'information le master EURO-AQUAE auquel est attaché l'université niçoise. Ce projet de master est sélectionné pour le premier appel d'offre. Il a été confronté à ce "souci" d'harmonisation.

La solution, simple, a été de faire la moyenne des frais totaux de scolarité qui ont ensuite été répartis à part égales entre les étudiants inscrits au master. Les sommes collectées ont ensuite été redistribuées entre les établissements en fonction des spécificités nationales.

Ces exemples d'obstacles sont les plus significatifs. Et d'après les expériences relatées au cours de cette journée une solide motivation est nécessaire pour mettre en place ce type de projet. Beaucoup ont rappelé la nécessaire volonté de "construire un espace de formation européen" et de développer une "valeur ajoutée européenne en mutualisant les compétences spécifiques de chacun des partenaires de chaque consortium" sans oublier "l'insertion dans le tissu professionnel européen et international"

Si ces masters labellisés "erasmus mundus" ne sont pas des diplômes européens mais bien des titres délivrés par des entités nationales il n'en reste pas moins qu'un projet aussi plébiscité que celui-ci accélère à grands pas la reconnaissance de l'Europe du savoir au niveau international.

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