Comment construire une offre de formation homogène ? Quelles réflexions mener ? Quelles démarches, quelle entreprendre ? Quels paramètres à mettre en exergue pour une offre de formation de qualité?Trois regards, trois expériences : rencontre avec Claudine Peretti de l'IGAENR, Françoise Moulin Civil présidente de l'université de Cergy Pontoise et Anne Fraisse présidente de l'université Montpellier 3.

Caudine PERETTI // IGAENR

Vous avez mené une étude sur la fonction formation dans les universités. Quels sont les paramètres qui permettent d’appréhender la qualité de l’offre de formation pour les établissements ? Quels sont les moyens et les outils permettant la construction d’une offre de formation homogène ?

La qualité de l’offre de formation d’une université était appréhendée jusque dans les années 90 à travers deux critères essentiels : l’un qualitatif, son articulation avec la recherche et l’autre quantitatif, sa diversité. Le souci d’améliorer la réussite des étudiants et la professionnalisation croissante des formations ont conduit à y ajouter progressivement des critères de performance : le taux de réussite, en particulier au niveau de la licence, et l’évaluation de l’insertion professionnelle des diplômés. La question de l’attractivité de l’offre de formation est aujourd’hui fondamentale. La prise en charge par les universités de responsabilités et compétences élargies et notamment le transfert de la masse salariale amène maintenant les universités à prendre en compte le coût de leur offre de formation et les moyens financiers et humains nécessaires à sa mise en œuvre dans de bonnes conditions.
La qualité de l’offre de formation d’une université s’appréhende aujourd’hui par des critères multiples :

  • l’ancrage dans les points forts de la recherche de l’établissement ;
  • son articulation avec les besoins socio-économiques ;
  • sa capacité à diplômer les étudiants accueillis ;
  • son attractivité, aux niveaux national et international ;
  • la soutenabilité de sa mise en œuvre.

L’enjeu est de construire une offre cohérente. Cela est d’autant plus difficile que ces paramètres ne sont pas forcément convergents : l’ancrage dans la recherche ou la réponse aux besoins des entreprises, par exemple, conduiraient plutôt à la multiplication d’enseignements spécialisés alors que la lisibilité de l’offre de formation ou sa soutenabilité nécessiteraient une offre plus ramassée.
Pour parvenir à concilier ces différents objectifs, les universités s’appuient de plus en plus sur les indicateurs que permettent d’élaborer et de renseigner les données figurant dans le système d’information de gestion et les enquêtes qu’elles conduisent. Ces indicateurs servent à nourrir le dialogue de gestion qui s’instaure entre les équipes présidentielles et les services centraux d’une part, les composantes et les porteurs de projets de formation, d’autre part. Les universités s’appuient également sur les évaluations réalisées par l’AERES à l’occasion du renouvellement du contrat de l’établissement avec l’Etat. Tous ces éléments aident à objectiver les arbitrages inévitables entre des projets foisonnants et parfois concurrents.
Faire comprendre et accepter cette démarche de l’ensemble de la communauté universitaire, suppose cependant un important travail de réflexion collective.

Françoise MOULIN CIVIL // Présidente de l'université de Cergy Pontoise (UCP)

Vous avez intégré en 2007 l'IUFM à votre établissement. Cet évènement vous a conduit à mener une réflexion très transversale sur votre offre de formation. Pourriez-vous nous décrire plus en détail votre démarche ?

En effet, l’intégration du plus gros IUFM de France, celui de l’académie de Versailles, en 2007, nous a conduit à repenser la globalité de l’offre de formation. Les effets quantitatifs, tout d’abord, ont été énormes en termes de nombre de diplômes. L’arborescence de notre offre s’en est trouvée complexifiée. Mais au-delà de cet aspect, il convient d’apprécier l’effet qualitatif de l’intégration dans la réflexion que, de fait, nous avons dû mener sur la cohérence, la lisibilité et l’homogénéisation de cette offre. Si l’offre de formation de l’IUFM était grosso modo presque exclusivement liée à la « formation des maîtres », ce n’était évidemment pas le cas de l’UCP. Un palier supplémentaire a été franchi au moment de mettre en œuvre la mastérisation en 2009-2010. Dans ce cadre, un travail d’harmonisation des diplômes, des modalités de contrôle, de nomenclature, d’affichage… a été mené quasiment à marche forcée. Aujourd’hui, l’ensemble de l’établissement affiche une offre de formation qui a gagné en visibilité, d’autant plus que la rénovation de notre site internet l’a vraiment bien mise en valeur. Il lui reste, sans doute, à gagner encore en rationalisation en regard des moyens qui sont les nôtres et des enjeux d’attractivité que nous poursuivons.

Anne FRAISSE // Présidente de l'université Montpellier 3

Vous avez récemment remonté l'ensemble de votre offre de formation à l'AERES et à la DGESIP dans le cadre du dialogue contractuel. Comment s’est déroulé cette réflexion en interne ? Comment êtes-vous arrivé à construire une offre homogène et cohérente ?

La réflexion en interne s’est déroulée en deux temps. Il y a eu à la fois un cadrage de l’équipe de direction et d’un autre coté une remontée des UFR. Cela peut être parfois un peu contradictoire puisque les UFR visent évidemment la spécialisation dans chacune de leur discipline ou des buts pédagogiques et professionnels qu’ils visent alors que l’équipe dirigeante à besoin au contraire d’arriver à initier une offre, à la fois la moins couteuse possible par rapport au financement global et la plus claire aussi en termes de lisibilité pour les lycéens et les étudiants. Au final, pour arriver à une offre de formation visible et cohérente, il a fallu un cadrage global tout en gardant l’originalité de chacun des parcours.
A Montpellier 3, nous avons effectué, en particulier sur les licences, un gros effort de cohésion avec des troncs communs et transversaux qui représentent les 2/3 de la maquette avec 1/3 de disciplinaire, de façon à faciliter les passerelles d’une maquette à l’autre, les doubles licences, les réorientations et les parcours particuliers. Cela a exigé une structure qui était forcément sur l’ensemble de l’université.

Nous essayé de donné une cohérence à l’ensemble de l’offre. A Montpellier 3, nous avions déjà une offre de master assez diversifiée et relativement bien organisée. Un effort d’organisation générale a été nécessaire sur les masters, mais le plus gros du travail a été fait sur les licences et en particulier sur la première année, surtout avec les 1500 heures que nous avons anticipé et qui n’étaient pas appliquées dans nos disciplines.

En interne, cette construction de l’offre a représenté une grosse charge de travail avec une mise en place technique très importante. Cela a demandé une très grande préparation en amont. J’ai l’avantage d’avoir une université qui fonctionne avec des UFR très centralisées, cela facilite le travail de coordination et la présentation d’une offre de formation homogène, qui est aujourd’hui une véritable satisfaction pour nous.

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