Conférence de presse de Claude Allègre du 1° juin 1999, présentant les conclusions de la seconde édition du C.I.R.S.T.

 

Les grands axes gouvernementaux pour la recherche publique pour 1999/2000 y sont présentés, sous forme de priorités en nombre restreint, au regard desquelles figurent notamment les Sciences du vivant et les nouvelles technologies de l'information et de la communication.

Présentation des enjeux du CIRST


Le Comité Interministériel de la Recherche Scientifique et Technologique 2 (CIRST 2) a défini les grandes priorités en matière de recherche scientifique pour 1999/2000.


Ce CIRST 2 a été préparé :

· par le CIRST 1,

· par le Conseil National de la Science

· par une consultation de tous les organismes de recherche, qui ont proposé leurs priorités scientifiques, dans le cadre de leur contrat pluriannuel

· par un forum réunissant des scientifiques et des industriels

· par une série de réunions interministérielles

· par une consultation individuelle des ministres concernés

·

Les nouvelles orientations marquent des infléchissements forts tant en ce qui concerne les thèmes, que les moyens et les objectifs à atteindre.


La nouveauté de la démarche est de définir des priorités, en nombre volontairement restreint, et de leur donner une réelle traduction budgétaire et structurelle.


Tout en rappelant que les recherches fondamentale et technologiques menées dans les organismes, les universités et les écoles d'ingénieurs en constituent le socle, l'idée centrale et la priorité première de notre effort de recherche est de mettre l'innovation scientifique et technologique au cœur de notre politique : elle est en effet le facteur prédominant de création de richesse et d'emplois.

Par ailleurs, le gouvernement a décidé de développer voire de lancer des recherches par le biais du fonds national de la science -FNS- et du fonds de la recherche technologique -FRT- dans des secteurs où l'effort par les voies structurelles habituelles est insuffisant.

Cette dualité est conforme aux décisions prises au cours du CIRST 1.


La grande nouveauté est sans contexte la priorité qui est donnée pour la première fois en France aux Sciences du Vivant.

Elle se traduit par la priorité donnée dans les recrutements et les financements aux sciences du vivant, notamment aux études génomiques et postgénomiques, aux neurosciences et aux études portant sur la biologie du développement. Un comité de coordination des Sciences du vivant a été mis en place : il permet, pour la première fois, de coordonner les actions de l'ensemble des organismes impliqués.


Une série d'actions spécifiques est décidée :

· en génomique, avec le centre national de séquençage, le centre national de génotypage, le développement du centre d'informatique biologique, le réseau Génoplante et le réseau national de génopôles.

Cette action sera renforcée par la participation du secteur privé. Elle sera complétée ultérieurement par une nouvelle action (dite post génome) axée sur la physiologie et l'embryologie.

Des résultats importants sur les génomes humains sont attendus et devraient donner lieu à des développements industriels importants.

· à travers les technologies modernes qui sont en train de révolutionner la pratique médicale. Il est essentiel que la France

soit au premier plan de ces progrès, tant en ce qui concerne la maîtrise des dépenses de santé que d'un point de vue philosophique, dans ces nouveaux secteurs qui s'appellent informatique médicale, télémédecine, appareillage d'imagerie médicale etc...


Il a été demandé à l'INSERM de travailler particulièrement la question des banques de données en liaison avec la recherche clinique.

Par ailleurs, une action concertée (Technologie et Médecine) est lancée pour favoriser l'innovation et la création d'entreprises innovantes dans ces domaines fondamentaux.

· sur les maladies infectieuses, les actions de recherche " microbiologie ", " prions " lancées par le précédent gouvernement sont confortées et renforcées. S'y ajoute une nouvelle action, VIHPAL, sur le SIDA et le paludisme.


La seconde grande priorité concerne ce que l'on appelle les nouvelles technologies de l'information et de la communication .

Ce secteur est très actif en France mais est aussi extrêmement éclaté, éclatement accentué par le changement de statut réel du Centre national d'études des télécommunications (CENT).

Un comité de coordination des nouvelles technologies sera prochainement créé pour faire naître des synergies entre les organismes publics ou privés.

Les moyens de recherche dans ces secteurs sont renforcés à deux actions déjà mises en place :

· pour les nanotechnologies,

· pour le développement de produits logiciels.

et à deux autres qui le le seront prochainement :

· pour la cryptologie ,

· pour les grandes bases de données .

Elles complètent le réseau national de recherche en télécommunications, lancé, en 1997, avec le ministère des Finances et de l'industrie.


Nous voulons redonner aux sciences humaines et sociales une nouvelle jeunesse.

Cette volonté s'est traduite d'abord par la création du Conseil national pour un Nouveau Développement des Sciences Humaines et Sociales, qui est chargé d'une réflexion à long terme sur le développement de ces sciences.

Il a été demandé à la Mission de la recherche universitaire du MENRT et au CNRS de donner une priorité à ces disciplines pour favoriser l'émergence de nouvelles équipes. Pour prolonger cette action, des moyens sont mis en œuvre :

· le développement du réseau national des Maisons des Sciences de l'Homme dont l'aspect construction sera pris en compte dans U3M.

C'est à partir de ce réseau et de la mise en place du réseau de bibliothèques de recherche correspondant, que les sciences humaines et sociales devraient se développer sur tout le territoire, en effaçant les cloisonnements trop étroits.

· à un certain nombre d'actions associant sciences de l'homme et sciences dites exactes, avec cinq thèmes privilégiés : la ville, le travail, l'école, l'art et la technologie et les sciences de la cognition.


L'Énergie et les Transports ne sont pas absents des priorités de recherche .

D'un côté, l'engagement nucléaire est réaffirmé, notamment en reprenant les études sur un réacteur propre qui détruise lui-même les déchets à vie longue.

D'un autre côté, une recherche vigoureuse sur les énergies renouvelables, est engagée. L'action phare dans ce domaine est le réseau " piles à combustible ", avec la contribution d'industriels, notamment de l'automobile, avec l'objectif d'obtenir un prototype opérationnel en 2003.

Par ailleurs, l'avenir de l'avion de transport supersonique européen reste un sujet d'intérêt. Sans s'engager dans une décision quelconque, il a été décidé de mettre en place un groupe technique pour évaluer les possibilités d'un supersonique du futur, économique, rentable et écologiquement acceptable. Les contacts européens nécessaires seront naturellement pris.


La France tient une place internationale importante dans les sciences de la Terre et de l'Espace.

L'environnement et son étude constituent une préoccupation importante pour tous les pays. C'est pourquoi il faut rassembler nos forces pour jouer un rôle important dans ce secteur.

La politique spatiale est ainsi réorientée, en donnant la priorité à l'observation de la Terre et à l'autonomie européenne en matière de localisation (GPS) et de télécommunications.

Afin de réduire les coûts et d'être compétitive, l'Europe doit se tourner résolument vers les technologies nouvelles notamment les petits satellites spécialisés. Pour cela la France doit jouer pleinement son rôle au sein d'une European space agency (ESA) rénovée.

L'étude des grands équilibres planétaires est encouragée à la fois grâce à l'étude de la planétologie comparée et le travail sur l'exploration martienne, mais aussi grâce à l'examen des interactions complexes de facteurs régulant les grands équilibres de la surface terrestre, et de façon plus large du " système Terre".

Des actions sont mises en place dans les domaines du climat, de l'eau, de l'environnement et de l'observation de la Terre.

Un des objectifs de ces actions est l'émergence d'une véritable ingénierie écologique, capable de s'attaquer efficacement aux problèmes d'aménagement, de restauration des milieux, de " bioremédiation", d'agronomie " propre ", de gestion " durable " des ressources terrestres et aquatiques.

Pour définir les orientations nouvelles, pour coordonner les programmes des divers organismes nous avons mis en place un comité de coordination des Sciences de la Planète.


Outre ces actions thématiques prioritaires, une action dite " blanche " est lancée pour les jeunes chercheurs ; elle est ouverte sur tous les sujets.

Un certain nombre de sujets importants, comme le médicament, les matériaux ou l'océan, font actuellement l'objet d'une série d'études qui conduiront à des décisions l'année prochaine.

***

Récapitulatif des actions prioritaires lancées en 1999


Financements sur le fonds national de la science et le fonds de la recherche technologique


Les actions concertées incitatives (ACI) : elles permettent l'élaboration de programme de recherche destinés notamment à favoriser l'émergence de disciplines nouvelles et la formation de spécialistes dans ces domaines, à encourager des partenariats public/privé et à assurer un soutien à certaines politiques publiques.


Les réseaux de recherches technologiques (RT) : ils associent des acteurs de la recherche publique et des industriels, à partir de l'identification des besoins, sur des projets porteurs de croissance et de création d'emploi.


Sciences du vivant 395 MF

Centre de génotypage (ACI) 80 MF

Centre de séquençage (ACI) 50 MF

Infobiogen 15 MF

Génoplante (RT) 60 MF

Technologies appliquées à la médecine (ACI) 60 MF

Microbiologie médicale (ACI) 35 MF

Prions (ACI) 15 MF

SIDA et Paludisme (ACI) 30 MF

Réseau de génopoles (RT) 40 MF

Impact possible des OGM sur l'environnement (ACI) 10 MF


Sciences de l'information et de la communication 175 MF

RNRT (RT) 80 MF

Nano et microtechnologies (RT) 55 MF

Technologies logicielles (RT) 40 MF


Sciences humaines et sociales 85 MF

Ville (ACI) 20 MF

Travail (ACI) 10 MF

Cognitique (ACI) 25 MF

Arts, sciences et technologie (ACI) 5 MF

Réseaux des MSH (ACI) 20 MF

École (ACI) 5 MF


Sciences de la planète et de l'environnement 45 MF

Étude du système 'Terre" (ACI) 10 MF

Climat (ACI) 20 MF

Eau et environnement (ACI) 15 MF


Énergie 20 MF

Piles à combustibles (RT) 20 MF


Génie civil, architecture, urbanisme et transports 75 MF

PREDIT (RT) 65 MF

Réseau génie civil et urbain (RT) 10 MF


Aéronautique 10 MF

ACI "Blanche" 40 MF

Eurêka 50 MF

Concours de création d'entreprises 100 MF

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