Publié le 19 janv. 2006
Un rapport du Conseil économique et social propose une comparaison internationale des politiques d'accueil des étudiants étrangers.
Un rapport du Conseil économique et social propose une comparaison internationale des politiques d'accueil des étudiants étrangers.
Rappelant les noms des plus célèbres étudiants passés par l'université Française (Léopold Sédar Senghor, Norman Mailer) les auteurs insistent sur le fait que la France "a eu une grande tradition d'accueil des étudiants, des chercheurs et des savants, tradition d'accueil dont elle jouit largement encore".
Mais les situations géopolitiques changent et l'enseignement supérieur se transforme en un immense marché international.
Les universités s'y disputent les étudiants les plus mobiles et les plus prometteurs. Quelques chiffres présentés dans le rapport insistent dans ce sens "Le développement considérable de la mobilité étudiante - de 108 000 étudiants en mobilité en 1950 à 1,7 million aujourd'hui - doit donc être observé sous ces différents aspects. A côté de son aspect traditionnel d'humanisme, la mobilité internationale des étudiants devient un enjeu majeur de la compétition économique tant par son importance financière - les exportations des services de l'éducation ont représenté 30 milliards de US$ pour la zone OCDE en 1999 - que par les potentiels qu'elle développe. En effet, dans un environnement où la connaissance et l'innovation sont désormais à la base de la compétitivité, la mobilité des étudiants prend un relief particulier"
Cette nouvelle configuration concurentielle semble porter préjudice à la France puisque les auteurs notent que "d'autres de nos partenaires européens comme par exemple l'Allemagne accueillent depuis récemment des étudiants indiens et Chinois, [alors que] notre pays peine à devenir une destination attractive pour les pays émergents"
Pointant une des faiblesses de la stratégie française les experts démontent un mécanisme handicapant : "La France a défini sa politique d'accueil des étudiants étrangers par l'établissement de cadres généraux laissant une grande part de l'initiative aux étudiants eux-mêmes. Dans ce cadre, il relève de l'autonomie des universités et de leur dynamisme en la matière de porter leur ouverture à l'international. L'absence d'orientation en matière de discipline, d'origine ou de localisation de l'accueil est certes un choix assumé mais il ne constitue pas un encouragement particulier pour les universités"
Les stratégies de coopération internationale étant laissées à la libre discrétion des établissements un deuxième enjeux entre dès lors en compte avec l'investissement possible ou voulu sur cet axe de développement.
"De fait, de nombreux établissements peinent à dégager les moyens en ressources humaines nécessaires au développement d'une politique internationale.
Les aides de l'Etat en la matière sont symboliques. Le développement de services internationaux dans les universités permettrait pourtant une permanence de l'effort et favoriserait la constitution de partenariats avec des établissements étrangers, oeuvre qui ne peut s'inscrire que dans la durée" notent les experts qui, à titre de comparaison, citent l'exemple de Sciences Po
avec "la création d'une Direction des affaires internationales et des échanges (DAIE) en 1996 [qui] a permis d'élargir la présence de Sciences Po dans le monde entier par le biais d'un réseau de plus de 250 universités partenaires"
Revenant sur les programmes Erasmus ou Erasmsus Mundus qui connaissent de beaux succès. Concernant ce dernier les auteurs précisent que "dans son ensemble, le dispositif des masters Erasmus Mundus permet des rencontres qui ne se seraient peut-être pas concrétisées autrement et des alchimies universitaires et multiculturelles relativement neuves, si l'on analyse de près les partenariats passés entre les universités"
La barrière de la langue
Sans doute un des problèmes de la France dans la compétition internationale réside dans un fait tout simple : on ne parle pas anglais. Mais cela est il vraiment pénalisant ? Les auteurs lient l'attractivité d'un pays avec la diffusion de sa langue et "de fait, la forte prééminence des Etats-Unis, du Royaume-Uni et l'apparition de l'Australie dans les chiffres de la mobilité étudiante peut accréditer cette idée". Forts de ce constat ils proposent de valider cette hypothèse au vu des "conséquences lourdes" qu'elle peut impliquer. Et leur conclusions sont assez inattendues. "L'atout d'une langue internationale ne suffit pas à rendre un pays attractif" annoncent-ils en citant le cas de l'Espagne (392 millions d'Hispanophones dans le monde, 4eme langue au niveau de la planète) qui accueille chaque année 8000 étudiants d'Amérique Latine quand l'Allemagne en accueille 4656 et la France 4253.
Pour pallier à ce "problème" de la langue plusieurs pays européens ont mis en place différentes stratégies. L'exemple allemand dans un premier temps avec le réseau de l'Institut Goethe qui "contribue largement à la diffusion de la culture et de la langue allemande dans le monde. Il participe fortement à l'attractivité générale de l'Allemagne. De plus, la position dominante de l'Allemagne comme acteur économique mondial (1er exportateur mondial en 2004) contribue largement à son attractivité et plaide au niveau international en faveur d'une connaissance de la culture et de la langue allemande". Par ailleurs, en Suède envirion 200 cours différents sont proposés en langue anglaise et bénéficient aux étudiants Erasmus.
"[..]il n'est pas de pays développé ou de pays en transition qui n'aspire à attirer sur son territoire des étudiants en mobilité et que de très nombreux étudiants des pays en développement aspirent à répondre à cette offre" concluent les auteurs.
"Les étudiants, que nous accueillons sur notre territoire, répondent souvent au déficit de notre démographie universitaire et professionnelle. C'est le cas aussi des autres pays d'accueil. La véritable différence semble être que nous avons une forte prévention quant à ce phénomène quand nos « concurrents » l'assument plus largement. Les Allemands annoncent vouloir renforcer leur potentiel en informatique par l'immigration, les Britanniques louent les étudiants étrangers de maintenir leurs cursus de chimie, les Américains se réjouissent des entreprises créées par les étudiants étrangers. Il semble que nous ayons une certaine gêne à admettre que notre système hospitalier repose de plus en plus sur une main-d'oeuvre que nous avons formée mais qui vient d'autres pays. Si l'objectif de notre pays est d'être « attractif », il doit sans doute être attentif au souhait de nombreux étudiants en mobilité d'entrer dans la vie active - au moins pour un temps - sur le lieu de leurs études"
Sans doute un thème qui sera abordé au colloque annuel de la CPU, en avril, placé sous le thème de "l'International"
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