Publié le 10 avril 2025
Il y a un an, à l’initiative de certaines universités dont l’Université Côte d’Azur, l’AMUE lançait la communauté Qualité de Vie et Condition de Travail (QVCT) de l’enseignement supérieur et de la recherche. L’objectif ? Offrir un espace d’échanges et de collaboration aux acteurs engagés pour la qualité de vie et les conditions de travail au sein des établissements.
Depuis, la communauté s’est enrichie avec plus de 208 inscrits sur une liste d’échanges active et qui ont participé à trois webconférences thématiques. Celles-ci ont permis d’aborder trois sujets essentiels grâce à Université Côte d’Azur qui a joué un rôle clé en co-animant ces rencontres, apportant son expertise et contribuant à structurer les échanges :
- l’observatoire du télétravail,
- les espaces de discussion sur le travail,
- l’enquête sur les acteurs et les pratiques QVCT en France.
Un autre évènement clé, le premier Lab’U QVCT, se déroulera les 26 et 27 mai 2025 à l’Université Jean Moulin Lyon 3 en co-organisation avec l’université azuréenne.
Pour célébrer cette première année dense d’activité, nous donnons la parole à Christine Perrey, responsable QVCT de l’Université Côte d’Azur.
Pouvez-vous nous raconter comment est née l’idée de créer un réseau des responsables QVCT dans l’enseignement supérieur ?
En 2022, en réalisant un benchmark auprès de mes homologues sur la mise en place de leurs dispositifs RPS et plateforme de signalement, j’ai contacté Zoé Dravert de l’Université du Mans et Florine Chambon de l’Université de Lyon 2, cette dernière m’a indiqué qu’une autre de nos homologues était intéressée par ces échanges et m’a mis en contact avec Valérie Chandelier de l’Université du Havre.
Nous avons échangé sur nos dispositifs et certaines de nos problématiques et avons trouvé cela enrichissant. Les démarches QVCT étant très jeunes à l’époque dans les structures (1 an à 2 d’existence), nous avons constaté que les chargés de mission QVCT étaient souvent assez isolés et en recherche d’infos sur la démarche et les outils. Nous avons tout de suite compris l’intérêt de connaître les différentes pratiques en matière de démarches QVCT qui sont pour la plupart inédites et d’avoir le soutien de ses pairs. En recherchant, nous nous sommes aperçues qu’il n’y avait pas de communauté de pratique sur ce domaine spécifique au sein de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. Nous avons donc décidé de structurer ce réseau en nous fixant un RDV mensuel afin d’échanger de manière informelle sur nos pratiques respectives, en y associant d’autres collègues et en proposant des thématiques (Atelier SAGA, télétravail, médiation, RPS, campagne VSS, plan d’action QVCT,…). Nous avons constaté que cela suscitait beaucoup d’intérêt. L’AMUE en a eu connaissance et nous a proposé de créer une liste de diffusion et d’organiser des webconférences QVCT qui ont eu très vite du succès.
Quel a été le rôle de l’Université Côte d’Azur dans cette initiative et comment avez-vous accompagné son développement ?
Université Côte d’Azur a été moteur dans cette initiative car notre démarche QVCT était plus avancée* que dans certaines autres universités. En effet, nous en avons fait un axe stratégique intégré aux politiques institutionnelles de promotion de la santé au travail, d’égalité professionnelle, d’inclusion et de prévention des risques psychosociaux. Ayant bénéficié du transfert de compétences de l’ANACT dans ce domaine, nous avons pu partager notre expertise avec d'autres établissements. Afin de déployer notre démarche nous nous appuyons sur des données probantes et l’éclairage scientifique de certains enseignants-chercheurs qui bénéficient en retour de nos expériences de terrain afin d’être à la pointe de la connaissance scientifique en lien avec les domaines de la QVCT. Cette interaction entre théorie et expérimentation en conditions réelles ouvre des perspectives nouvelles, produites par ce croisement d’expériences. Elle nous permet d’analyser nos pratiques et d’améliorer concrètement les conditions de travail. Nous avons par exemple déployé l’échelle d’évaluation de la charge mentale au travail mise au point par Edith Galy, une de nos enseignante-chercheuse. Université Côte d’Azur a été force de propositions en intervenant sur les thématiques abordées lors des webconférences de l’AMUE (télétravail, Espaces de Discussion (EDD), charge mentale au travail, etc.), favorisant ainsi le développement du réseau.
*La démarche QVCT à Université Côte d’Azur vise à améliorer les conditions de travail, à favoriser la santé au travail et l’inclusion et à prévenir les risques psychosociaux. Elle s’inscrit dans ses engagements en DD-RSE et santé durable en promouvant un environnement de travail sain et des pratiques durables. Son plan d’action repose sur le dialogue social, la formation, ainsi que le suivi et l’évaluation des actions mises en place afin d’assurer une amélioration continue.
Quels sont, selon vous, les principaux apports de ce réseau pour les responsables QVCT des établissements ?
Le réseau permet de favoriser les échanges entre pairs sur les pratiques liées à la qualité de vie au travail. Cette intelligence collective nous permet de combiner nos expertises, expériences et réflexions et de stimuler notre créativité afin de résoudre collectivement les problématiques communes. Un espace mutuel sur RESANA nous permet également le partage de ressources.
Les trois webconférences organisées cette année ont traité de sujets clés. Quels enseignements en tirez-vous ?
Les thématiques traitées ont suscité un grand intérêt de la part de la communauté QVCT. Le besoin de retour d’expérience est présent… La présentation des différents sujets a permis à certaines structures de s’approprier des éléments afin d’enrichir et d’améliorer leur démarche. Ces moments d’échange ont également mis en lumière le besoin de formation, notamment sur les EDDs. Le constat est que la communauté QVCT ressent la nécessité de pouvoir réfléchir ensemble sur les sujets déployés au sein des établissements et de mutualiser les ressources.
Comment imaginez-vous l’évolution du réseau à l’avenir et quels seraient les prochains défis à relever ?
L’idée est de continuer à mobiliser collectivement nos compétences afin d’atteindre des objectifs communs de manière plus efficace. Nous souhaiterions également proposer à la communauté d’innover en QVCT en créant des groupes de travail thématiques afin de partager nos réflexions et propositions d’actions autour de la QVCT, avec pour objectif de répondre plus efficacement aux changements des environnements de travail que nous rencontrons dans l’exercice de nos missions. Nous avons également pour projet de créer une association permettant de faire connaître et valoriser la fonction de responsable QVCT et la faire progresser, en particulier par le perfectionnement et la professionnalisation de ses membres, d’offrir un soutien entre pairs face aux difficultés rencontrées afin de créer entre eux des liens de solidarité, de donner de la visibilité à la QVCT au sein de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche et enfin de construire et mener des projets communs en répondant ensemble à des appels à projet nous donnant une capacité accrue à innover. Bref, valoriser et créer un savoir-faire qui n’existerait pas sans cette interaction spécifique !
Enfin, quel message aimeriez-vous adresser aux membres du réseau pour célébrer cette première année ?
À l’heure où les Risques Psychosociaux sont la 2ème cause d’arrêt maladie en France et font partie des risques professionnels les plus répandus au sein des collectifs de travail* , il est devenu essentiel pour les établissements de déployer des démarches QVCT efficaces et concrètes s’inscrivant dans une politique de promotion de la santé sur le lieu de travail afin de lutter contre l’absentéisme et le désengagement, permettant ainsi aux universités de rester attractives et de fidéliser leur personnel
Face à ces défis complexes et aux enjeux importants pour la santé, les besoins et les aspirations au travail (reconnaissance, sens au travail, autonomie…), les contraintes et les possibilités du milieu de travail (manque de moyens humains et financiers en QVCT, charge de travail, organisation et contenu du travail, …) et le défi du télétravail, la QVCT apparaît plus que jamais incontournable.
J’invite les membres du réseau à participer à nos échanges, à venir réfléchir en commun à des solutions permettant de mettre en place des écosystèmes de travail sains et favorisant la santé afin d’assurer le bien-être au travail du personnel, de le fidéliser et de développer son potentiel.
Je souhaite un bon anniversaire à la communauté QVCT !
*D’après les chiffres du dernier baromètre sur l’absentéisme publié par Malakoff Humanis, il ressort que les RPS (risques psychosociaux) sont en 2023 la 2ème cause des arrêts de travail en France, juste derrière les maladies ordinaires et devant les troubles musculosquelettiques (TMS).
Christine Perrey, Responsable QVCT d’Université Côte d’Azur
À travers cette interview, nous tenons à remercier chaleureusement l’ensemble des membres du réseau pour leur engagement et leur participation active. Si vous aussi vous souhaitez rejoindre la communauté contactez DdAC.RH(at)amue.fr
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