Page 122 - Guide Patrimoine
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Retour d’expérience - Étude relative à l’évolution de la conception des espaces d’enseignement
et de recherche liée à l’impact du numérique
Propos recueillis auprès de Madame Florence Kohler, chargée de mission à la Mission Expertise et Conseil auprès des établissements à la Dgesip du MENESR.
Madame Kohler, en lien avec la Mission du numérique pour l’Enseignement Supérieur (MNES), a animé un groupe de travail composé de chercheurs, de professionnels et d’experts, pour réfléchir à l’évolution des espaces d’enseignement et de recherche au regard du développement de nouvelles pratiques pédagogiques intégrant les technologies numériques.
Ces travaux font l’objet d’un document de préconisations, à paraître en décembre 2014 sur le site du MENESR, qui montre comment les nouvelles approches pédagogiques ont des impacts spatiaux, et apporte des éléments de mé- thode pour conduire un projet de création d’espace, en s’appuyant sur des études de cas d’établissements français mais aussi européens (en Angleterre et au Portugal). Quels sont ces impacts ?
Sans être dogmatique et tout en permettant aux enseignants de conserver un enseignement appuyé sur des mé- thodes dites « traditionnelles », le guide dégage une tendance à l’hybridation des espaces, offrant une modularité et la combinaison de plusieurs formes d’enseignement et d’usages dans un même espace.
Par ailleurs les espaces tendent à devenir plus flexibles. Cette flexibilité est permise, soit par une banalisation et une plurifonctionnalité des espaces qui permettent une diversité des configurations spatiales et des usages grâce à un mobilier adapté et un accès à des ressources et des outils de communication numérique - salles de cours, de travail, learning centre, halls, circulations, extérieurs, etc. - ; soit par des espaces spécialisés fixes dans leur configuration mais qui deviennent souples par les modalités d’apprentissage qu’ils proposent grâce aux technologies numériques - am- phithéâtres, salles de télé enseignement, Fab Lab, laboratoires, etc. Sachant que même ces espaces dédiés voient leur organisation spatiale repensée pour permettre une plus grande interactivité étudiants/enseignants.
Dans l’avenir le besoin de grands amphithéâtres devrait diminuer du fait du développement non seulement des MOOCs mais aussi et surtout d’une pédagogie collaborative comme c’est le cas avec la « classe inversée » où l’étudiant s’approprie le contenu théorique du cours à distance, chez lui ou ailleurs, et approfondit, ensuite, sa compréhension par un échange interactif de questions réponses avec les autres étudiants et l’enseignant en groupes dans un petit amphithéâtre ou une salle de cours reconfigurée. Grâce aux technologies numériques, l’apprentissage peut s’effectuer dans et en dehors des espaces d’enseignement, avec ou sans le professeur, en co présence ou à distance
D’où le développement d’amphithéâtres plus petits, 100 à 130 places, avec une nouvelle configuration spatiale, comme c’est le cas en Angleterre : sur un même palier sont installées deux rangées de sièges dont l’une pivote pour faciliter le travail en groupe. Des écrans sont disposés sur différents murs de l’amphithéâtre pour que les étudiants vi- sualisent la présentation de l’enseignant. Certains amphithéâtres sont équipés pour permettre de retransmettre avec une très bonne qualité les cours sur internet, en direct et/ou en différé. Ces technologies sont en particulier utilisées par des établissements multi-sites, comme l’université européenne de Bretagne.
L’ancienne salle de cours organisée sur un mode frontal évolue elle aussi pour accueillir les temps successifs d’ap- prentissage, seul, en petits groupes, ensemble, avec une organisation spatiale propice à l’échange et la mobilisation de dispositifs numériques permettant une diversification des modes de présentation des contenus et des modes d’appropriation. D’où le choix d’un mobilier léger et mobile, facile à déplacer, afin de permettre aux enseignants et à leurs étudiants de le stocker et de reconfigurer la salle en fonction des besoins. Le câblage numérique est à intégrer dans des planchers techniques, dans la mesure du possible, et les bâtiments sont également équipés en réseau Wifi. Chaque établissement faisant le choix de limiter ou non le rechargement des batteries des étudiants sachant que les étudiants viennent, de plus en plus, avec leurs propres ordinateurs.
120 Guide méthodologique, Optimiser et rénover le patrimoine immobilier universitaire, Juin 2014