41 Yves nous rappelle qu’il s’est « intéressé à tous les aspects de l'in- formatique dans l’université , ce qu’on nomme maintenant , le numé- rique » .
Dans l’informatique depuis les années 70 , dans des com- missions de choix de matériel pour l’informatique au Ministère et au
CNRS
, il se souvient de l’apport des « balades aux États-Unis et ailleurs , qui l'ont pas mal amené à réfléchir sur les universités , où aux Etats-Unis , même les universités publiques étaient conçues comme des entreprises » .
Et reste encore surpris du volet marketing « pour attirer les meilleurs clients » à cette époque , ici on dirait étudiants .
↘
TROIS INFORMATIQUES DANS UNE UNIVERSITÉ
:
SURTOUT PAS DE SILO
! Il retient de ces observations d’alors une approche de l’université comme une organisation qui réalise d’un point de vue projet infor- matique de « la production , c'est-à-dire de l'enseignement , de la recherche et de la gestion » .
Ces trois informatiques devant cohabi- ter dans un schéma directeur du numérique , elles « ne doivent pas être des parties étanches » .
La difficulté de cohabitation , il l’a rencontrée de manière contrastée , alors directeur du Service Général des Technologies de l’Information et de la Communication , il se retrouve sous la responsabilité du
DGS
, garant du volet gestion de l’université , pas des « produits de l’ensei- gnement et de la recherche » .
Le résultat ? la création d’une seconde
DSI
, des machines spécifiques , des ingénieurs informaticiens dédiés à la pédagogie qui font tourner les sites webs , les plateformes péda- gogiques » avec « l'intelligence de mettre les machines à la
DSI
, cha- cun son métier » .
Ainsi « laisser les gens de la
DSI
s'occuper des sys- tèmes et infrastructures et ses ingénieurs s'occupent de faire tourner une application par exemple .
» .
Il faut « des gens qui connaissent la pédagogie pour penser comme une production de l’université » , sinon « ils pensent support , ils pensent fonction support à une acti- vité et pas forcément une nouvelle activité .
» ↘
DES ÉCHECS STRATÉGIQUES EN FRANCE SUR LE NUMÉRIQUE UNIVERSITAIRE
,
IL Y EN A EU
Il y a eu « 2 échecs retentissants en France , Strasbourg et
UPMC
, qui avaient chacun choisi les 2 gros systèmes américains » pour faire la ges- tion de la scolarité et « ça n’aurait pas marché » , car « on n’avait ni les capacités financières ni humaines pour faire ce qu'il fallait » par rapport à notre organisation du métier scolarité , du volet réglementaire français .
Sur les plateformes pédagogiques , trois systèmes se sont longtemps challengés , Claroline , venant de Lyon1 , Sakaï , « que nous avions choisi » et Moodle .
Pour Sakaï , « nous manquions de compétences informa- tiques car cela tournait en
JAVA
» , et les
DSI
ont poussé vers Moodle , schema directeur du « plus simple à gérer » .
Sur l’usage des applications réalisée en code sources libres dans le domaine de la recherche ou la pédagogie , « des applications [qui ser- vaient d’annuaire , de catalogue et de cartographie] comme Fenix ou Camel ont échoué » Idem pour des ressources pédagogiques produites par les Univer- sités Numériques Thématiques , produites en qualité « qui corres- pondent à un besoin » des enseignants mais qu’ils n’utilisent pas alors .
Etrangement les enquêtes révèlent qu’ils sont le plus souvent près à fournir , pas à utiliser .
↘ D’OÙ
SE PILOTE LE SCHÉMA DIRECTEUR DU NUMÉRIQUE ALORS
? La particularité de ces échecs est qu’ils ont « chacun été pilotés par une des 3 facettes de l’université : la pédagogie , la recherche ou la gestion » .
Yves Epelboin explique cela sans faire de reproche à qui que ce soit « Mais comment veux-tu qu'un
DSI
qui dépend hié- rarchiquement du
DGS
, s'intéresse de très près au volet recherche ou pédagogie ? » .
« En fait , ils voyaient le numérique comme une offre de service d'un point de vue gestion de l'université , pas comme une production , une plus-value , de cette université » .
Pour Yves Epelboin , le schéma directeur du numérique se pilote au plus haut de l’univer- sité , à la Présidence et il ne pourra exister que si les trois composantes de la mission de l’université sont pilotées au même niveau .
« Retour sur… .
» N°21 - Stratégie et numerique , juin 2022